The One I Love

The One i Love est l'exemple parfait du petit film indépendant que tu te sens heureux d'avoir trouvé car il restera probablement à jamais une petite pépite vue par très peu de personnes, un œuf de ton chocolat préféré caché dans l'énorme jardin du cinéma mondial. C'est aussi la preuve qu'une bonne idée de base, de bons acteurs et une réalisation qui ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, vaudra toujours mieux qu'un énorme budget.

Le problème du film, c'est qu'il est quasiment impossible d'en parler sans spoiler mais je vais essayer. C'est donc l'histoire de Ehtan et Sophie, un couple sur le point d'imploser, qui va voir un thérapeute, interprété par Ted Danson, il va leur conseiller d'aller en week-end en tête à tête dans une maison qu'il met à leur disposition pour qu'ils soient en total intimité et puissent se retrouver. Une fois à la maison ils vont commencer à trouver le comportement de l'un l'autre très étrange, ils finiront par comprendre que cela à un rapport avec la "Guest House"..

C'est à peu près tout ce que je peux vous dire sans révéler ce qui rend le film si amusant et intéressant, croyez moi, moins vous en savez mieux c'est. Ce que je peux dire en revanche c'est que le réalisateur, malgré le fait qu'il n'ait que la trentaine, est arrivé à cerner brillamment les problèmes que rencontrent les couples sur une longue durée : le manque de passion, de confiance et d'intimité dû à des événements passés ou simplement au temps qui passe. La personne avec qui tu es est-elle toujours la même que celle dont tu est tombé amoureu(se)x ? Est ce qu'il faut essayer de reproduire l'état d'euphorie, la période "l'une de miel", des début ou est ce que ça équivaut à un drogué qui essaye de retrouver les sensations de la première ligne ? Et si quelque chose de grave arrive dans notre relation, pourra-t-on retourner à ce qu'elle était avant ? Faut-il au contraire abandonner ? Ce sont les questions que nous posent le réalisateur, mais la forme pour les poser n'est ni l'éternelle comédie romantique, ni le drame lourd, non, c'est la science fiction et le surréel. Et je dois rire que ça donne tout son peps et son originalité à ce long métrage. Il y a aussi un humour très fin et tout en maîtrise, pas de vannes ni de gags visuels, juste des réactions des personnages à des choses, du vrai humour bien écrit, sans ficelles.

Comme j'ai dit plus haut, les acteurs sont bons, ils délivrent vraiment une performance intéressante. J'avais déjà bien aimé Mark Duplass dans Safety Not Guaranteed, autre film indé avec un petit côté SF, ici il fait une bien meilleur performance, le rôle etant vraiment le genre de rôles qui permet à un acteur de donner le meilleur de lui. Elisabeth Moss est tout de même un cran au dessus, tout le monde passe son temps à dire qu'elle est extraordinaire dans Mad Men mais elle tient le rôle depuis tellement longtemps qu'on ne voit plus vraiment en quoi elle est géniale, dans ce film on voit très clairement à quel point elle envoie du lourd. Vraie actrice. Ted Danson n'est là que pour une poignée de minutes, comme le reste du cast, c'est vraiment un film porté par ses deux acteurs principaux du début à la fin.

Pour résumer : c'est frais, malin, imprévisible, bien interprété, ça exploite son concept à fond. Une vraie réussite de bout en bout. La fin pourrait paraître un peu mystérieuse mais, si on fait attention aux détails, elle est plutôt explicite, un deuxième visionnage ne sera pas nécessaire.

The One I Love est un pari risqué, original, mais qui réussit à intriguer le spectateur grâce à un scénario bien ficelé et des acteurs au top.

Fake a déjà tout dit, je ne vois pas quoi rajouter... Si ce n'est que pour la fin, il y avait un autre moyen de l'amener :

[spoiler] Faire jouer à Ethan et Sophie une note sur le piano qu'ils trouvent dans le bureau vite du psy... Si ils avaient joué la même note, on aurait tout aussi bien compris que pour le coup du bacon :) [/spoiler]

En bref, une petite pépite innovante et curieuse, à découvrir !

Quel plaisir de revoir cette petite pépite. Des années plus tard, il reste ce petit film indie un peu méconnu mais vraiment savoureux avec une Elisabeth Moss très en forme.

Ce film porté par seulement deux acteurs sur 95% du temps parle avec justesse des problématiques de couple tout en s'inscrivant dans un concept très Twilight zone, comme le dit très justement le personnage de Mark Duplass. On remarque d'ailleurs que les frères Duplass iront dans cette direction peu de temps après avec leur série Room 104 mais rarement avec autant de finesse.

En réponse au commentaire de Benben :
[spoiler] La révélation n'aurait pas été tout à fait la même. Ici la révélation est intime et Ethan a un dilemme très différent. Il peut alors faire semblant de ne pas savoir pour préserver son couple. Si la révélation était commune, ça n'aurait pas eu le même impact. [/spoiler]