Possession

j'ai vu ce film hier, et il me hante depuis.
Grâce à son casting tout d'abord. Sam Neill est impressionnant surtout en prenant en compte sa carrière qui ne faisait que commencer. La maturité de son jeu éclate à l'écran notamment grâce à une direction d'acteur de haute volée (je pense notamment à la scène du rocking chair au début... Glaçant) et bien qu'il cabotine un peu il m'a captivé de bout en bout.
Mais c'est surtout Adjani, réellement possédée par le film qui me hante et a su m'arracher quelques larmes de pure terreur avec ses regards caméra comme pour nous épier. La (cultisme) scène du métro m'a juste bluffée... Quelle actrice !

Mais je pense que si le casting se donne autant, c'est car Zulawski est un excellent metteur en scène. Dans sa façon de penser les cadres, de diriger ses acteurs et même si ça a un poil mal vieilli en 2021, d'utiliser la naissante technologie de steadycam. Tout est pensé pour créer la terreur, pas celle qui nous surprend avec un jumpscare, celle qui reste imprimée dans notre esprit et à laquelle on repense dans son lit une fois la lumière éteinte.
Le montage qui m'a semblé erratique me semble au final extrêmement intelligent, car il renforce en brouillant les pistes l'idée de névrose dans laquelle le couple s'enfonce. Il n'y a plus de place pour la chronologie, juste pour la folie.

Et si il m'a autant marqué, c'est aussi grâce à l'intelligence de son scénario qui multiplie les niveaux de lecture pour nous offrir un film sur le couple (dans sa séparation mais aussi la dualité des personnages qui le composent) mais aussi sur la guerre froide (avec la ville de Berlin, cradingue au possible, symbole de la séparation à venir pour le couple et de la folie des hommes).
On peut même pousser plus loin en voyant le film comme un pamphlet nihiliste au possible sur le devenir de cette Allemagne dont on a séparé "l'âme et le corps" (thématique qui revient plusieurs fois dans le long métrage) en pensant que ça suffirait pour éloigner le spectre du nazisme, qui ne tarde cependant pas à pointer le bout de son nez [spoiler] la scène de fin est assez explicite à ce sujet. Marc ressuscité, sous la forme de monstre, se pointe à la porte et Bob hurle de ne pas le laisser rentrer avant de préférer le suicide à la confrontation avec le paternel. J'y ai vraiment vu une mise en garde du réalisateur, prévenant le spectateur que si l'âme noire de l'Allemagne a peut être été mise à l'écart, la trouble période qu'était la guerre froide pourrait la faire revenir avec les conséquences qui s'en suivent : les bombardement qui ponctuent le générique en seraient le résultat [/spoiler].

J'y ai aussi vu quelques notes sur l'apocalypse nucléaire, qui pourrait être représenté par le monstre que nourri le personnage de Adjani et qui fini par prendre [spoiler] la forme de Marc. [/spoiler] Si on prend en compte les multiples références à la dualité qui parcourent le film, on peut peut-être tabler sur une mise en garde au sujet de l'équilibre de la terreur, qui n'amener rien de bien pour l'humanité.

Bref, quelques pistes de pensées au niveau des interprétations qu'on peut faire de ce film. Si certain.e.s d'entre vous veulent en discuter, je suis chaud !