Êtes-vous déjà tombés sur un jeu qui, objectivement, est à mille lieues de tout ce qui constitue le cœur d'un grand jeu de son époque, s'éloigne le plus possible d'un enrobage tapageur et de la base de la narration des blockbusters, voire surfe sur un aspect old-school parfaitement assumé mais arrive pourtant à vous toucher par son charme singulier ? Quelques années en arrière, il aurait été difficile de répondre, mais la vague indépendante est passée par là et a remis ce genre à part entière sur le devant de la scène. Loin de l'effet de mode, certains RPG japonais avaient pourtant adopté ce modèle par pure nécessité bien avant que l'industrie ne s'en empare. Trails in the Sky premier du nom est de ceux-là, et sa suite - ou Second Chapitre, pour être précis - l'est tout autant malgré une sortie tardive et rocambolesque sous nos latitudes.
Trails in the Sky Second Chapter, la fin d'un beau voyage
Merci à azul5 qui a créé cette fiche
Seconde partie donc de cette trilogie, avec un jeu qui est donc la pure continuité, au jour près, du précédent. En terme de gameplay, c'est la même chose, sauf quelques ajouts qui ont pour but de, là encore, s'inscrire en continuité (pour éviter le "les héros ont tout oublié et doivent recommencer lvl 1" ). On a ainsi, dans les "crafts", la possibilité de faire des attaques communes avec d'autres persos, et des matérias... pardon, des orbments, de niveau 2 dont il faudra upgrader les slots (et leurs stats sont un peu modifiées, ça apporte un côté bonus/malus qui force la stratégie). Sinon, tous les dégâts, caracéritiques et niveaux partent des puissances atteintes dans le premier volet.
Version PSP 76 h de jeuIl y a une vague allusion aux montres devenus plus forts etc, pour justifier qu'on ne tue pas tout ce qui bouge en un coup, du coup, niveau cohérence.
Le jeu corrige certains trucs crispants du premier ; les quêtes indiquent maintenant leur caractère urgent, moyen ou à long terme, et on nous laisse finir nos affaire de manière explicite avant de quitter la ville ("bon, on finit ce qu'on a à faire et on y va quand tu veux", "tu es sûre ? t'as rien à terminer avant ?"). Cependant, on a encore des cutscenes qui font avancer le scénar ou les quêtes parfois contre notre gré, nous transportant d'un endroit à l'autre, là où le jeu pourrait très bien nous laisser nous débrouiller ou, mieux, nous demander.
Par contre, comme dans le premier, les quêtes sont un petit plaisir à ne jamais snober : drôles ou intenses, elles apportent leur modification sur le monde, parfois des PNJ qu'on retrouve plus tard, si on a fait leurs quête. C'est souvent de la baston, mais pas que, le jeu nous demande parfois, comme dans le premier, de réfléchir, chercher, parler à des gens... En revanche, certaines nécessitent hélas d'avoir fait les précédentes (mais ça encore, il y a une cohérence scénaristique), ou d'avoir chopé un item (le système de pèche est nul, je me suis grillé dès le chapitre 3 et j'ai pas pu faire deux quêtes du 4 à cause de ça).
Niveau intrigue, c'est là que pour ma part j'ai trouvé que ça retombait un peu. On n'est plus tant dans l'aspect politique ou géopolitique (avec Liberl, Calvard et Erebonia, même si ça reste en fond, donc ça donne de la crédibilité au monde), mais sur du scénar de Shonen assez classique, et c'est bien dommage. En fait, très vite on nous laisse entrevoir ce dont il est question, et dans ma tête ça a fait : "tilt ! OMG non, pas Seven Deadly Sins !"
Car hélas on est dans ce genre de logique, c'est dévoilé dès le début : Joshua est un ancien membre super puissant de groupe de méchants, et très jeune il en est parti, mais du coup il se sent pas mériter une vie normale parce que c'est un tueur, et bla bla bla on a déjà vu ça cent fois. Et on a tout un panel de méchants dignes d'un shonen hyper cliché et attendu, à base de puissance incommensurable et de personnalités excentriques ou trop D4RK.
[spoiler] dès la 2e rencontre avec Renne j'ai grillé qu'elle faisait partie des méchants, le coup de la gamine ou du gamin yandere psychopathe est tellement téléphoné, dans ce genre de scénar attendu, du coup touuute la suite où ils sont crédules ça m'a un peu facepalm [/spoiler]
Heureusement, la prota c'est toujours Estelle, et elle envoie chier quelques clichés, donc c'est bien. Mais le ton reste bon enfant, très gentillet, très édulcoré, à base de gentils qui s'entendent et méchants contre qui tout le monde est lié, à base de sauvetages sans victimes, de pardons et de compréhension.
Dans tout ça, bah, globalement mêmes persos, et surtout mêmes décors. Et ça, c'est très dommage. On se retape donc Ruan et ses alentours, Zeiss et ses alentours, Grancel, Rolent, Bose... quelques lieux nouveaux, mais guère et rien de très grand. Globalement l'histoire se déroule dans la map du premier jeu (au moins on sait où sont les coffres).
En conclusion, un JRPG dans la plus pure recette : gameplay posé et peu innnovant, intrigue manichéenne sur fond de rédemption et d'amour, personnages archétypaux. A faire si c'est votre truc. Moi ça l'était, j'ai bien aimé.
PS : le temps indiqué est à nuancer ; j'y ai joué sur émulateur, donc avec des savestates parfois (ce qui raccourcit), mais en anglais (ce qui rallonge), et en faisant usage parfois de vitesse accélérée (permise par PPSSPP), ce qui fait que mon temps de jeu IRL est inférieur au temps de jeu enregistré.