Franz26 a dit (24 Mars 2022 à 08:11)
Associé aux heures de gloire de la Playstation et parmi les jeux de plates-formes les plus en vogue de sa génération, le Bandicoot, longtemps oublié, fit un retour détonant avec la compilation N’Sane Trilogy en 2017. Trois remakes aux petits oignons des premiers épisodes, succès commercial et critique ayant remis la série sur les bons rails. Ce nouvel opus cross-gen intitulé : It’s About Time profite de cette aura retrouvée, et cherche à séduire tant les amateurs du genre que les nostalgiques de la licence. Voyons voir si la magie opère toujours avec ce 4e volet officiel, terminologie désavouant une large partie des jeux développés depuis le 3e titre.
Passé une introduction prétexte et toujours aussi farfelue, Crash reprend du service aux côtés de son fidèle Aku-Aku, de la belle Coco et de nouveaux venus que je tais volontairement. Bien entouré, notre boule de poils rousse va ainsi mettre sa dextérité à l’épreuve afin de déjouer, encore, les plans machiavéliques du docteur Nefarious tout en composant avec une défaillance temporelle l’envoyant aux 4 coins du monde, et autant d’époques différentes ! Un contexte propice à un dépaysement total sans aucune cohérence entre les environnements traversés. Lieux désertiques, futuristes, jungle, Asie, Indes Orientales, etc… autant de zones extrêmement soignées et conductrices d’ambiances bien différentes. Cela se traduit à l’écran par un véritable enchantement visuel, tant en terme de direction artistique que de technique pure. Des décors hauts en couleur et une animation détonante confortent ainsi une réalisation de grande qualité.
Le gameplay reprend la recette habituelle de la franchise, alternant entre phase de plates-formes en scrolling horizontal et en 3D libre, néanmoins gouvernées par un effet couloir continu. La grosse nouveauté de cet opus réside dans les masques à disposition du Bandicoot, lui conférant ainsi diverses capacités : switcher entre parties du décor matérielles et immatérielles, déclencher un super tourbillon, ralentir le temps ou encore inverser la gravité, voilà les pouvoirs originaux qui vous attendent ! Une vraie réussite, véhiculant un peu de piment à un gameplay minutieux mais qui malheureusement n’arrive jamais à trouver le juste équilibre. Car ce quatrième épisode de Crash Bandicoot est d’une difficulté aberrante. Oubliez toute logique et ne comptez pas sur une hypothétique courbe de progression : d’entrée se sont de grosses fessées gratuites qui attendent les plus perfectionnistes ! Si avec un peu de persévérance terminer les niveaux s’avère largement abordable, récupérer l’ensemble des gemmes et relever les challenges en présence impose un aspect « Die and Retry » complétement abusif et, au final, peu gratifiant tant l’absurdité des obstacles et la précision demandée va vous écœurer. Un mauvais calibrage, accentué par des niveaux trop longs et peu adaptés aux défis proposés, qui nuit grandement au plaisir de jeu.
Toujours dans les erreurs de game design, le soft cherche à multiplier les personnages secondaires et la variété des situations… au détriment de la jouabilité ! Il est déjà difficile de maitriser parfaitement Crash et Coco, mais lorsque les capacités des guests viennent s’en mêler : préparez les manettes de rechange ! Je suis d’ailleurs étonné que ma DualShock 4 ait survécu à ce périple… En résulte des sensations mitigées puisque l’on se retrouve avec un gameplay généreux empli de bonnes idées, mais totalement déséquilibré. De quoi frustrer les joueurs les plus motivés.
Difficile alors de juger la durée de vie du titre, plus artificielle que conséquente. Car outre les 6 gemmes à récupérer dans chaque niveau, les cassettes défis et les courses chronométrées, les développeurs ont eu l’idée de génie de rallonger nos tourments avec un mode miroir pour chaque monde du jeu ! Quelques variables dans les secrets à débloquer et un filtre graphique original (mais nuisant à la visibilité...) comme seuls facteurs de motivation pour nous inciter à repartir au charbon… Franchement dispensable.
La déception prédomine donc, après plus de 40 heures à m’acharner sur le titre pour atteindre un pourcentage honorable de 83 unités au compteur. Pourtant Crash Bandicoot 4 ne démérite pas, il excelle d’un point de vue artistique et expose un univers coloré animé à la perfection, avec un côté cartoon qui apporte une touche d’humour agréable. Une réalisation de haute voltige, de surcroit appuyée par une bande son d’excellente facture et puisant dans un sound design fidèle. Bienfaisant sur la forme, le dernier né de la franchise ne l’est malheureusement pas sur le fond.
Soit vous prenez le jeu comme un « Die and Retry » hardcore et vous allez chialer des larmes de sang devant l’aberrance du challenge, accentué par une maniabilité perfectible notamment dans l’appréciation des sauts. Soit vous partez pour une finalisation partielle des niveaux, afin de profiter des points positifs du game design et de la plastique du titre en ignorant les objectifs secondaires. Flirtant entre les lignes de cet entre-deux, j’ai probablement un peu trop insisté sur les collectibles à tel point que mon expérience de jeu ne fut pas toujours très plaisante.
Preuve qu’un grand jeu vidéo ne peut faire l’impasse sur des petits détails moins tangibles comme l’équilibrage de ses diverses mécaniques, Crash bandicoot 4 : It’s About Time souffre d'un énorme problème de calibrage (#Jackie&Michel) où le ratio efforts/satisfaction ne plaide pas en faveur du joueur. Plutôt amateur de challenge et du « Try Hard », je suis pourtant passé en partie à côté du sujet, sans ressentir ce sentiment d’accomplissement habituel après tant d’acharnement. Les qualités soulignées dans cette critique en font malgré tout un bon jeu de plates-formes, et mon amour pour la licence m’incite à la sévérité. Sachez seulement à quoi vous attendre avant de tenter l’aventure. « Bon chance »
Franz26 a dit (13 Mars 2022 à 08:45)
Licence mythique de Sega, c’est en 2004 via le remake du premier opus sur… Game Boy Advance que je découvris tardivement la série ! On ne va pas refaire l’histoire du jeu vidéo… Si avant de sombrer dans l’oubli et la médiocrité la franchise des Shining s’est essayée à différents registres, elle doit avant tout sa renommée au Tactical-RPG. Ça tombe bien, il s’agit d’un de mes genres de prédilection ! Le voyant rouge de la Megadrive s’allume, celui de la TV cathodique également, et comme à chaque fois la vérification du matériel s’accompagne d’un petit soupir de soulagement. Paré pour une expérience 16 bits dans les conditions originelles.
Fire Emblem, Ogre Battle ou encore Final Fantasy Tactics, des noms bien associés à l’histoire du T-RPG et incontestablement cultes à mes yeux. La saga qui nous intéresse a également contribué à la noblesse du genre, et l’aura sacrée qui entoure Shining Force II laisse admiratif. Un constat que j’aurais sans aucun doute partagé les yeux fermés en 1994, mais j’avoue afficher une pointe de scepticisme aujourd’hui. Pourtant rompu à l’exercice du rétro-gaming, j’appréhende toujours un résultat hasardeux car rigoureusement soumis aux aléas du temps et de nos exigences, même inconscientes, de joueur moderne. Le cépage « RPG 16 bits » jouit toutefois d’un vieillissement plutôt clément, et la cuvée en question mérite largement la prise de risque.
L’histoire débute dans un obscur sanctuaire où un voleur brise involontairement le pouvoir du sceau magique retenant le roi démon Zeon. La boulette ! Car bien évidemment l’entité maléfique n’attendait que ça pour retrouver des forces et menacer à nouveau l’humanité. Heureusement sir Astral, votre mentor, conseiller du roi et puissant magicien au demeurant, découvre vite l’embrouille et vous confie le sort du royaume. Il est grand temps de partir en quête d’alliés et de constituer une « Shining Force » capable de contrer les forces du mal ! Un synopsis sans grande ambition, qui donne dans le traditionnel et assure un fil conducteur suffisamment immersif et rythmé.
A la manière d’un J-RPG rétro classique, Shining Force II laisse le joueur libre de ses mouvements sur une mappemonde vaste mais un peu trop vide, contraint de parcourir les longs kilomètres reliant les étapes où l’attendent les batailles programmées. L’exploration se veut ainsi plus poussée que les standards du genre, et incite à dialoguer avec les PNJs tout en fouillant minutieusement les villes en présence. Car Shining Force II n’est pas avare en secrets et en personnages jouables, pour beaucoup complètement optionnels. Et si la motivation de recruter un maximum d’alliés porte ses fruits, l’intérêt du titre réside bien évidemment dans son système de combat au tour par tour mêlant sens du placement et de la stratégie. Guerriers, sorciers, pégases, archers, etc… tout le bestiaire d’un bon univers d’Heroic-Fantasy qui se respecte. Après avoir composé judicieusement votre troupe d'élite limitée à 12 combattants, on applique alors les codes traditionnels de la guerre : soldats robustes en première ligne, archers et magiciens en retrait, utilisation des bonus de terrain, etc… pour progresser sans encombres. L’expérience et la montée en niveau permettent de gonfler les statistiques de vos unités, qui ne devront pour autant pas négliger leur équipement via les magasins à disposition. Une gestion de l’inventaire assez laborieuse d’ailleurs, nécessitant des allers-retours réguliers avec la réserve afin de délester vos hommes du surplus ramassé. Arrivé à un certain stade il devient possible de promouvoir un personnage, et même de se forger des armes ultimes via les précieux mythrils collectionnés.
L’ensemble n’échappe toutefois pas aux affres de temps et la rigidité du gameplay ne conviendra pas à tout le monde. On regrettera notamment l’impossibilité d’examiner la portée des ennemis, à la manière d’un Fire Emblem, causant ainsi des déplacements exagérément prudents au détriment d’avancées téméraires. Malgré une relative simplicité les bases du Tactical-RPG sont pourtant exploitées avec brio, assurant de surcroit un challenge appuyé devant l’adversité de certaines mobs ! Heureusement seule la mort du héros s’avère punitive, les autres unités pouvant être ressuscitées à l’église du bled. Moyennant finance évidemment, question de réalisme.
Cet univers Heroic-Fantasy cohérent compose avec une ambiance plutôt générique mais non dénuée de charme, largement renforcée par une bande son de bonne facture. En effet, des thèmes sympathiques accompagnent avec soin ce périple mémorable, qui nécessite une quarantaine d’heures d’investissement avant de dévoiler sa conclusion au terme d’une bataille épique et difficile ! Techniquement Shining Force 2 accuse un peu le coup et exhibe une 2D vieillotte, loin de pousser la 16 bits de Sega dans ses retranchements. Néanmoins, les sprites et les arrières plans lors des animations de combat se révèlent vraiment magnifiques, et rehaussent une réalisation sommaire sans fioritures. On appréciera aussi les petits artworks illustrant nos héros, mettant en valeur un character design parfaitement maitrisé.
A l’heure d’apposer un verdict je me retrouve sans surprise tiraillé dans les couloirs du temps. Charmé par un titre légendaire aux qualités indéniables, désormais logiquement nuancées. La balance penche néanmoins du côté lumineux de la force, et l’expérience offerte par Shining Force II se veut encore viable de nos jours. Un T-RPG mythique érodé par le poids des ans, mais à l’allure digne et au contenu solide. A faire, tant pour les amateurs du genre que pour la culture du médium.
Franz26 a dit (24 Février 2022 à 08:02)
Trompé de support j'avais annoté "terminé" et des commentaires sur la compilation PS4, alors que c'est bien sur PS3 que j'ai terminé maintes fois cette merveille. Tout le monde sans fou oui, mais je suis en train de faire "du propre" dans mon suivi JV. ^^
Bref :http://www.gamekyo.com/blog_article281576.html
Franz26 a dit (15 Février 2022 à 07:55)
Imaginez un jeu d’aventure qui remet en question ses mécaniques toutes les heures, qui exploite sans cesse de nouvelles idées de game design, qui renouvelle autant ses environnements que ses situations, et qui enrobe l’ensemble d’une esthétique extrêmement léchée. Mmmm’voyez ? Comme dirait M. Mackey. Et bien vous avez déjà un bon aperçu de l’expérience proposée par It Takes Two.
L'histoire débute en compagnie d’un couple battant de l’aile et, pour ne rien arranger, miniaturisé contre son gré dans un univers fantastique burlesque. Un contexte dont s’accommoderait bien la petite Alice. Réincarnés sous la forme de poupées rafistolées et forcées de suivre une thérapie sans queue ni tête, nos jeunes parents vont alors entreprendre un périple de l’étrange afin de retrouver forme humaine. Sous fond de thématique familiale et de problèmes conjugaux, l’histoire aborde des propos intéressants mais n’est pas toujours traitée avec grande subtilité. Les cinématiques à rallonges orchestrées par l’insupportable Dr Hakim, un livre animé à l’humour douteux et aux longs monologues moralisateurs, peinent à convaincre. Un synopsis tout en métaphores mais un peu trop bavard à mon gout, cassant le rythme d’un gameplay tellement plaisant que la moindre interruption se vit presque comme une contrainte ! La rançon de la gloire.
Plateformer-réflexion coopératif, l’aventure se partage donc à deux en écran splitté et vous invite à un voyage inoubliable. Vos minuscules avatars vont découvrir sous un jour nouveau l’immensité de leur maison, mais aussi les dangers du jardin et des alentours. Une succession savoureuse de zones travaillées, chacune propice à de nouveaux concepts ingénieux et complémentaires. Véritable sève du jeu, la coopération oblige à travailler en harmonie afin de résoudre les différents challenges et puzzles en présence. Je me garde de toute illustration, histoire de vous laisser intact le plaisir de la découverte. En résulte des sensations de jeu grisantes, sans cesse renouvelées afin d’entretenir un étonnement quasi constant. La frénésie retombe volontairement avec des phases d’exploration garnies en mini-jeux et interactions sympathiques, le temps de souffler quelques minutes.
Les énigmes ne sont pas bien difficiles et seuls quelques boss énervés viendront freiner votre progression. Eux aussi très bien conçus, ils apportent un peu de tension à une aventure champêtre sans grande difficulté... Sous réserve que le dernier jeu vidéo de votre tendre moitié ne remonte pas à Pokémon bleu ! Les produits laitiers, des sensations fortes (putain, je me sens vraiment vieux pour faire cette vanne de merde). Outre de rares soucis de caméra, le gameplay ne souffre d’aucun défaut et se révèle idéalement calibré. Modèle d’accessibilité et de fun.
Non content de soigner le fond, It Takes Two bichonne aussi la forme avec une réalisation irréprochable. Fluide, beau et parfaitement animé, le titre d’Hazelight Studios peut également compter sur sa magnifique direction artistique pour flatter nos rétines. L’originalité des environnements émerveille à bien des égards, et le character design, très cartoon, conforte l’ambiance absurde qui se dégage du jeu. Malgré des zones très linéaires, le plaisir de la découverte se dévoile à travers la petitesse de nos avatars et les phases de jeu jouissives s’enchainent. D’un aspirateur qui prend vie à un commando d’écureuils, les rencontres donneront dans l’insolite au profit d’un humour omniprésent, tant via des situations cocasses (et parfois sadiques !) que des dialogues épicés.
La bande son mérite quelques louanges appuyées et, à l’image des niveaux, se révèlera aussi variée que surprenante. On appréciera également un sound design très sympathique, bien aidé par de nombreuses références et objets du quotidien qui parleront à chacun. Petit carton jaune à la voix latine dégueulasse du Dr Hakim pour accentuer la caricature du protagoniste. Oui, je conchie sur ce personnage.
Difficile de rester impassible devant une telle générosité, et si le dernier tiers de l’aventure surprend un peu moins, It Takes Two s’impose comme une référence en matière de plateformer coopératif. Une quinzaine d’heures bien remplie, pot-pourri d’idées géniales et de mécaniques subtiles à apprivoiser tranquillement en duo. Portée par une réalisation impeccable, l’expérience se veut peu commune et fichtrement réussie.
Franz26 a dit (09 Février 2022 à 23:39)
Dernier Zelda 3D sur console de salon privé d'une mouture HD, l’annonce de ce portage a d’abord déçu la plèbe avide d’une suite directe à Breath of the Wild. De mon côté, ayant fait l’impasse sur l’opus Wii, d’abord par manque de temps puis par soucis d’éviter tout contact avec ces satanées Wiimotes, j’attendais ce remaster avec impatience pour enfin découvrir l’un des derniers volets de la franchise manquant à mon actif. Plongeons ensemble dans les cieux nuageux de Skyward Sword, à la découverte des origines de la saga.
Initialement sorti fin 2011 sur une Nintendo Wii en fin de vie et en total décalage avec les standards graphiques de la génération, Skyward Sword n’a pas connu un franc succès. Voulant de surcroit exploiter le concept de la Wiimote, foireux à de rares exceptions près, les approximations de gameplay furent largement pointées du doigt. Ainsi, malgré toute la bonne volonté du monde, une originalité louable et des critiques plutôt élogieuses, cet épisode reste l’un des plus mal-aimé de la saga. Maintenant que le contexte est posé, voyons-voir si les remaniements opérés changent la donne.
On commence par le point qui fâche : la maniabilité. Largement perfectible à l’époque, la copie ne fait guère mieux aujourd’hui. En voulant conserver la moelle épinière du gameplay, axée sur la capture des mouvements, les commandes sont loin d’être intuitives à la manette pro et assez approximatives aux Joy-Cons. Aucune solution ne séduit entièrement et il faut batailler plusieurs heures avant d’apprivoiser Link. Néanmoins, le gameplay se révèle en soit très complet et s’appuie sur des mécaniques bien rodées : exploration, donjons, énigmes et combats, recette traditionnelle immuable.
On retrouve ainsi un Link déjà rompu à l’aventure et au maniement d’objets spécifiques, indissociables à la progression linéaire et la découverte des secrets enfouis sous les cieux. A l’opposé de The Wind Waker, qui offrait un univers marin parsemé d’ilots, le monde de Skyward Sword prend place dans les airs où quelques rochers flottants concentrent une bien maigre civilisation. Les humains dépendent alors de destriers volants pour se déplacer, et votre baptême de l’air marquera le début de l’épopée. Car en grattant un peu sous l’épaisse couche de nuages en contrebas, Link va découvrir un monde d’Hyrule encore inexploré, empli de mystères… et de dangers ! A la poursuite de la princesse Zelda œuvrant aussi pour le salut du monde (les féminises apprécieront), notre preux chevalier et élu au demeurant va également tenter d’accomplir sa mission divine.
Tout en laissant une certaine liberté au joueur, Skyward Sword propose un périple rythmé et fluide. Une construction exemplaire, au service d’un univers généreux, immersif et empreint de magie. Mention spéciale aux donjons, particulièrement réussis, mais aussi à de nombreuses zones qui regorgent d’excellentes idées de game design. Les boss ne sont pas en reste et occasionnent quelques affrontements mémorables, et ce malgré les caprices de la caméra et la rigidité des commandes. Plusieurs concepts implantés dans BOTW proviennent d’ailleurs cet opus, et l’on notera par exemple l’importance du crafting pour upgrader armes et armures ou encore la fameuse jauge d’endurance. En parallèle, diverses quêtes annexes renforcent la durée de vie du titre, déjà alimentée par l’ivresse de l’exploration et les nombreuses récompenses qui en découle.
D’un point de vue technique, le lifting HD gomme efficacement les séquelles du temps et permet d’apprécier à juste titre la magnifique direction artistique du jeu. Les textures accusent évidement le coup, mais n’entachent aucunement le rendu visuel global, très agréable. Même constat niveau sonore, la bande son alternant avec brio selon l’ambiance en présence, non sans proposer des envolées lyriques magnifiques. En sus d’un sound design délicieusement familier.
Peut-être trop ambitieux en voulant surexploiter des mécaniques de gameplay basées sur la reconnaissance de mouvements, ce Zelda pèche par sa maniabilité malgré d'excellentes séquences de jeu. Un déséquilibre peu courant chez Nintendo, qui porte préjudice à un ensemble d’exception. Car malgré ce raté, The Legend of Zelda : Skyward Sword propose un voyage inoubliable, véritable ode à l’exploration au sein d’environnements atypiques marquants, avec en toile de fond les origines et l’atmosphère si particulière de la saga. Un grand cru, méritant reconnaissance.
Franz26 a dit (26 Janvier 2022 à 08:03)
Dernier From Software en date, Sekiro : Shadows Die Twice vient redynamiser la recette des Souls via des mécaniques inédites et un contexte délaissant en partie la Dark Fantasy pure. L’épopée de notre rônin se déroule dans un Japon Féodal au folklore sinistrement réinterprété, où une lutte de pouvoirs interne va conduire à un périple haletant régi au doux son des katanas.
Dévasté par la mort de son mentor et père adoptif, « Loup », samurai déchu et brisé, cherche son salut dans la servitude aveugle et la protection du jeune maitre : l’élu au sang divin. Mais au terme d’un duel poétique à l’issue tragique, l’ambitieux général Genichiro Ashina vous laisse pour mort et kidnappe l’héritier du trône… Le ton est donné. Après cette intense introduction, valant tutoriel, notre ninja se réveille déboussolé et amputé dans la quiétude d’un temple abandonné autour duquel va s’articuler l’aventure. Sauvé par le mystérieux sculpteur, qui lui octroie une prothèse mécanique taillé pour le combat, Sekiro se lance à la recherche du jeune maitre afin de retrouver son honneur de shinobi. Et l’on note déjà la première différence majeure vis-à-vis des Souls : ici pas de création d’avatar, From Software nous propose d’incarner un samurai avec son propre vécu et une personnalité définie. Un choix qui va influer sur le récit, davantage narré qu’à l’accoutumée, même si le titre propose évidemment son lot de sous-entendus et de secrets à percer tant la générosité du lore force le respect. En résulte une intrigue prenante, sombre et immersive, emplie de protagonistes atypiques. Et bien que l’histoire soit un aspect quasi secondaire de l’expérience ludique proposée par Sekiro, elle a bénéficié d’un soin minimaliste appréciable.
Si sur la forme Sekiro ressemble à ses ainés, son gameplay apporte des changements significatifs quant à la façon d’aborder les défis et chamboule les repères des habitués. Désormais l’infiltration va de pair avec une progression efficace, puisque surprendre un ennemi de dos occasionne un coup mortel direct. Indispensable pour éviter d’être submergé par les racailles patrouillant en nombre, auquel cas la fuite deviendra vite la solution privilégiée. Dans un souci de furtivité notre samurai peut donc utiliser divers artifices et compter sur son grappin pour prendre de la hauteur, afin de discerner tranquillement chaque situation. Négliger les bases du combat serait toutefois rédhibitoire, ce qui nous amène à une autre innovation de taille : la barre de posture. Simili jauge d’endurance pour les habitués des Souls, la posture joue ainsi sur votre capacité à parer efficacement les coups adverses. Elle se remplie donc au fur et à mesure des chocs et, une fois brisée, déstabilisera notre guerrier quelques secondes. Un concept valant aussi pour l’adversaire qui, sous la pression et malgré sa garde, finira par craquer. En résulte deux stratégies opposées : user l’ennemi à petit feu et gringotter sa vitalité, ou rester agressif et jouer l’épuisement de sa barre de posture en visant un coup mortel. Ainsi, la maitrise de la parade, ou plutôt de la déviation moyennant timing parfait, se révèlera indispensable pour annihiler une attaque sans perdre en posture tout en usant plus efficacement celle des autres. En résulte de véritables joutes mortelles où coups, déviations et contre-parades, s’enchainent dans un fracas métallique enivrant ! A qui cédera le premier. Mais les affrontements sont loin de se résumer à cette seule mécanique, aussi géniale soit-elle, puisque les ennemis peuvent lancer des attaques imblocables devant impérativement faire l’objet d’une esquive de côté ou d’un saut en hauteur. Ajoutez les différentes compétences de shinobi et les nombreux outils de prothèses à utiliser en bonne intelligence, pour comprendre que ce gameplay complet et exigeant ne se dompte qu'au prix de réflexes affutés.
Car en parallèle aux grandes lignes susmentionnées, des arbres de compétences permettent d’améliorer les capacités de combat. Acquisition de nouvelles prothèses pour le bras mécanique, apprentissage de techniques spéciales ou de bonus passifs, l’expérience accumulée assure le développement de tout un arsenal pour faire face au danger. Et ce ne sera pas de trop, croyez-moi ! Comme à son habitude From Software propose un challenge corsé, et outre une exploration tendue où chaque mob peut nous punir en cas d’erreur grossière, c’est surtout la présence abondante de mini-boss qui rend la progression difficile. Allant du Samurai vénère ou troll enchainé, en passant par une entité fantomatique mortelle ou un putain de sanglier enflammé, ces guerriers de l’extrême sont généralement optionnels mais nous gratifient, une fois mort, d’une perle de chapelet. 4 perles forment un collier, améliorant alors notre barre de vie et de posture. Les boss majeurs, quant à eux, laissent derrière leurs cadavres un artefact boostant la puissance d’attaque. Un système d’upgrade limité qui, couplé à l’absence d’équipements (les items ne sont que des consommables), nécessite plus que jamais une maitrise complète de son personnage pour espérer entrevoir les crédits de fin. La montée en puissance artificielle via des heures de leveling n’étant plus d’actualité. Heureusement les sanctuaires (points de repos/sauvegarde) sont placés en abondance et bonne intelligence, condition minimale pour ne pas saborder le joueur déjà pénalisé par une caméra souvent bancale. On retrouve également le principe des fioles d’Estus, recharges de vie à usage limité, matérialisées ici par une gourde magique. Difficile de dresser une liste exhaustive de toutes les subtilités en présence, mais je me dois de terminer avec la charge de résurrection. Outil de la deuxième chance généré grâce au sang divin du maitre, il permet de défier la faucheuse une fois avant toute mort définitive. Une thématique au cœur du jeu, judicieusement convertie par cette mécanique de gameplay.
Savoir-faire From Software oblige, on retrouve un level design exceptionnel avec des environnements plus ouverts et usant de la verticalité. Ils offrent un ensemble délicieusement cohérent, régi par une direction artistique divine. D’une cité médiévale Japonaise à d’arides montagnes enneigées, en passant par un dédale empoisonné, des temples bouddhistes ou un donjon malfamé, le voyage assure un dépaysement perpétuel conforté par une solide réalisation. Sans prétendre concurrencer les ténors de la génération, Sekiro se pare d’une technique solide largement convaincante. Si la qualité des textures n’affolera pas les mirettes, la fluidité de l’animation et l’efficacité des effets visuels assurent le spectacle malgré quelques ralentissements. Le sens de la mise en scène et les valeurs artistiques du jeu font le reste. L’héritier des Souls tempère néanmoins la noirceur de son univers avec de nombreuses zones verdoyantes emplies de lumière, laissant transparaitre une certaine quiétude relaxante avant que le bestiaire impitoyable ne nous ramène à la dure réalité…
Les musiques catalysent efficacement l’atmosphère du titre, et la bande son peut également s’appuyer sur un savoureux doublage Japonais pour renforcer l’immersion générale, déjà comblée par un lore d’une rare richesse. Il s'avère néanmoins complexe d’en déchiffrer l’intégralité dès la première partie, et l’on regrettera notamment le déroulement assez obscur de certaines quêtes annexes. Sekiro se dote ainsi d’une durée de vie conséquente, et le New Game+ tentera les amateurs avides de surenchérir sur une difficulté déjà assommante. Prétexte idéal pour découvrir les fins multiples du titre.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec Nioh, lui-même inspiré des Souls, lorsque l’on se contente d’observer la partie émergée de l’iceberg. Mais Sekiro ne manque pas de caractère et présente un gameplay divinement calibré, à peine entaché par une caméra régulièrement prise en défaut : un comble dommageable vu la difficulté imposée. Et si la construction des contrées d’Ashina ne laisse pas transparaitre le même génie que ses ainés, l’incroyable maitrise du studio suinte par tous les pores de l’œuvre. Prise de risque salutaire et savoir-faire d’exception, voilà comment caractériser ce bouquet final luxueux offert par From Software.
Franz26 a dit (29 Décembre 2021 à 19:29)
Un Metroid à l’ancienne sur Nintendo Switch, vous l’aviez rêvé, Nintendo l’a fait ! Bien que le genre soit aujourd’hui largement représenté, notamment par le biais de nombreux jeux indépendants de grande qualité, c’est un bonheur que de retrouver Samus Aran dans son domaine de prédilection. Car après l’orientation FPS prise avec les Metroid Prime dans les années 2000, les fans de la série ont quasiment connu une décennie de disette si l’on omet le controversé Other M et l’excellent reboot Samus Returns. Enjeux multiples : se montrer à la hauteur du mythe pour MercurySteam, clôturer de belle manière ce millésime gaming 2021 pour bibi. A vos pop-corn.
L’histoire se déroule après les évènements de Metroid Fusion et expédie notre belle guerrière sur la planète ZDR, soupçonnée d’abriter des X Parasites. La mission de Samus est double : découvrir pourquoi les E.M.M.I (robots de combat ultra perfectionnés) envoyés sur place ne donnent plus de nouvelles, et venir à bout de la potentielle menace Metroid. Dès votre arrivée un mystérieux guerrier Chozo vous délestera sans préavis de vos pouvoirs avant de vous faire tomber dans les abîmes : comme c’est pratique ! En avant donc pour une vaste exploration en quête d’upgrades en tout genre afin d’échapper à ce vaste bourbier labyrinthique.
Le scénario ne titillera pas particulièrement vos synapses et se contente tranquillement d’apartés mineurs jusqu’au dénouement final, non sans un réel effort de mise en scène. Enfouie malgré elle dans les profondeurs de la planète, notre héroïne va devoir se frayer tant bien que mal un chemin vers la surface en maltraitant la faune en présence. Mais la grosse originalité de cet opus intervient avec les fameux E.M.M.I : Némésis mécaniques intraitables régissant certaines zones du jeu, et qui n’auront de cesse de vous traquer à vue. En cas de contact direct, c’est la mort assurée ! Rassurez-vous, d’une le jeu n’est pas punitif puisqu’un échec vous ramènera à l’entrée de la zone protégée, généralement quelques écrans en amont, et de deux la progression scénaristique vous invite naturellement à détruire ces entités, laissant ensuite la possibilité d’explorer tranquillement leur territoire. Le concept n’en reste pas moins excellent et, telle une piqure d’adrénaline, vient renforcer l’intensité et la tension du périple. Les E.M.M.I forgent en partie l’identité de cet opus et apportent un peu d'assaisonnement à une recette délicieusement convenue.
Car en parallèle Metroid Dread reprend avec brio tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série, et du genre dans sa globalité. A commencer par un level design aux petits oignons, élément indispensable afin d’assurer une progression fluide et naturelle. MercurySteam a réalisé un travail exemplaire en nous proposant des environnements cohérents, bondés de raccourcis et autres subtilités qui ne se dévoilent qu’au fur et à mesure des compétences récupérées. Là aussi, on retrouve les classiques ayant fait la renommée de la belle guerrière. Boule morphing, rayon plasma, super vitesse, missiles et combinaisons en tout genre, etc… De quoi occasionner des allers retours réguliers afin d’ouvrir une route précédemment bloquée et ainsi continuer son cheminement dans les tréfonds de ZDR. Vous connaissez le principe, qui peut vite devenir répétitif si la conception du jeu a été mal pensée. Malgré des vas et viens dispensables et quelques détours rageants Metroid Dread évite heureusement les travers du milieu, et la qualité de son gameplay parachève de gommer les petits irritants.
Nerveuse, dynamique et intuitive, la maniabilité de la belle chasseuse frôle la perfection. Il ne faut que quelques minutes pour se faire la main et parader dans les dédales avec célérité. La présence d’un système de parade vient agrémenter les possibilités offertes et, sous réserve d’un timing parfait, permet d’effectuer une contre-attaque mortelle. Petit à petit Samus gagnera en puissance et sera en mesure d’affronter les nombreuses menaces sur son chemin. D’abord matérialisées par un assortiment néfaste d’ennemis mécaniques et biologiques, se sont surtout les boss qui apportent une bonne dose de challenge. Variés et immenses, ils ne font pas dans la dentelle et renvoient régulièrement à l’écran de game over avant de se laisser dompter.
Si techniquement Metroid Dread ne pousse pas la Switch dans ses retranchements et accuse quelques textures négligées, il se pare d’une réalisation globale largement convaincante. On appréciera la profondeur de champ et le détail porté aux arrières plans, et ce malgré une direction artistique excellente dans son registre mais peu propice à l’émerveillement. En effet, la plupart des zones de la planète sont froides, austères ou industrialisées, renvoyant à ce sentiment de danger et d’oppression générale. Idéal pour retranscrire la sensation d’écrasement qui pèse sur nos épaules, moins pour s’extasier devant l’écran. La fluidité et l’excellente de l’animation, couplées à de superbes effets visuels, complètent ce solide constat visuel.
Niveau sonore on retrouve avec plaisir le sound design récurent de la série, juste parfait, associé à des compositions d’ambiance de bonne facture. Si le thème principal disperse sans subtilité quelques frissons de nostalgie, la musique sait intelligemment se mettre en retrait par rapport à un environnement sonore très soigné. Seul petit bémol : la voix robotisée de l’IA épaulant Samus, insupportable.
Metroid renoue avec ses fondamentaux de fort belle manière, et cet opus s’impose comme un fier représentant du genre dont il est directement à l’origine. De par son univers parfaitement conçu et son gameplay calibré à la perfection, il assure une dizaine d’heures d’exploration passionnante en milieu hostile. Un peu plus même pour les perfectionnistes, puisque la quantité d’items cachés et la dextérité nécessaire à leur obtention prolongent avec addiction l’expérience. Une recette traditionnelle et un zest de nouveauté distillé avec amour, pour un résultat simplement génial. Foncez !
Franz26 a dit (28 Décembre 2021 à 07:56)
=> Je te rassure j'ai noté le même problème pour les temps de chargement de la map dans ma critique ci-dessus, sur One. La Switch n'est pas en cause pour ce coup. Pas de problème niveau affichage et texture en revanche sur la console de Microsoft.
Franz26 a dit (23 Décembre 2021 à 08:14)
Devant le succès rencontré par Persona 5 et sentant l’appât du gain facile, Atlus revient avec une version Director’s cut de son célèbre J-RPG. Principal argument de vente : une traduction Française intégrale, enfin ! Plus d’excuse pour ne pas découvrir cette saga mythique ayant volé la vedette à la franchise principale de la série, les Shin Megami Tensei. Car si la branche des Personas a longtemps ciblé une niche de joueurs, elle se pose désormais comme une référence incontournable du genre. Plongeons ensemble dans ce Tokyo moderne où une vie de Lycéen mouvementée nous attend.
Dans Persona 5 vous incarnez un jeune étudiant, laissé pour compte et victime du système judiciaire. Placé dans un foyer d’accueil, il va devoir affronter les préjugés et s’intégrer dans son nouveau lycée. Le garçon via se lier d’amitié avec une ribambelle de compagnons, et nouera une complicité particulière avec Morgana, un chat doué de parole ! Enfin, un chat… sa véritable forme reste un mystère puisque la boule de poils amnésique est justement en quête de son identité, à priori humaine. Le matou va ainsi introduire les étrangetés du multivers et les mystérieux pouvoirs des Personas. Ces entités fantomatiques se matérialisent à vos côtés et prêtent à vos personnages différentes facultés, du moins dans l’univers imaginaire. Comprenez que le jeu se déroule sur deux plans distincts. Le monde « normal » tout d’abord, où vos jeunes héros sont démunis de tout pouvoir surnaturel et vivent leur vie d’étudiant classique : suivre les cours, vagabonder dans la ville, s’adonner à diverses activités et surtout nouer des relations sociales à droite et à gauche. Un pan du jeu majoritaire et très bavard, nous y reviendrons. En parallèle on trouve le monde immatériel où, par le biais d’une étrange application et de leurs Personas, nos lycéens s’infiltrent dans le subconscient des gens malintentionnés. C’est ici que la petite bande de « Voleurs Fantômes » lutte contre ses ennemis, épaulée par des avatars aux pouvoirs psychiques redoutables. Sous un petit air de Jojo’s Bizarre Adventure : j’approuve.
Le gameplay de Persona 5 se veut extrêmement complet. Parlons tout d’abord du système de combat, relativement classique dans ses fondamentaux. Une action rythmée au tour par tour, où nos persos peuvent attaquer à courte ou longue portée, lancer des sorts, se protéger, etc... L’expérience accumulée va assurer la montée en puissance de vos héros, via upgrade d’HP/MP, mais également de leurs Personas. Si vos coéquipiers possèdent un avatar propre qui va se contenter d’apprendre de nouvelles capacités au fil du temps (limitées à 8 simultanément, à vous de faire des choix drastiques et irréversibles), notre héros peut, lui, créer sa propre Persona. Concrètement : chaque ennemi affronté peut être capturé selon conditions et officier sous vos ordres. Mais ça ne s’arrête pas là, puisque vous avez la possibilité de fusionner les entités pour en créer de nouvelles, toujours plus puissantes. Des combinaisons innombrables et improbables, qui se comptent en centaines ! Et si les pouvoirs finissent par revenir d’une Persona à l’autre, la générosité du principe force le respect. Les combats imposent une vraie dose de stratégie par l’intermédiaire d’un jeu de forces et faiblesses élémentaires. A vous de composer votre équipe avec soin, chaque membre possédant des affinités propres, afin de percer à jour les points faibles de l’adversaire et l’enchainer sans scrupules. Mais attention : ça marche dans les deux sens ! Je passe volontairement sur diverses subtilités, classiques pour certaines (équipements, attaques combinées), originales pour d’autres (système de transfert, actions d’affinités). La critique en présence s’annonçant déjà bien chargée en caractères.
Comme évoqué un peu plus haut, Persona 5 met en lumière le quotidien d’un lycéen japonais et tout une partie du jeu consistera à mener votre petite vie anonyme. Au cœur du système, on retrouve un concept central visant à se lier d’affinité avec des protagonistes, équipiers ou non, afin de faire progresser des petits scénarii personnalisés et glaner des bonus non négligeables. En parallèle, il ne faudra pas délaisser la montée en puissance des compétences sociales : expertise, charme, courage, connaissance et gentillesse, utiles à bien des égards (quêtes annexes notamment). Mais ceci n’est qu’une fraction des possibilités offertes par le titre, puisque la ville et les nombreux quartiers de Tokyo permettent de s’adonner à des dizaines de distractions : shopping, mini jeux, cinéma, salle de sport, etc… Ne comptez cependant pas vous perdre dans ces activités annexes, car le jeu suit le calendrier scolaire et chaque action coûte du temps. Ainsi, devant l’exhaustivité des possibilités, il va falloir faire quelques concessions et respecter scrupuleusement le timing de la mission en cours.
Cet aspect du gameplay, à l’intérêt ludique limité, casse un peu le rythme de l’aventure et ne plaira pas à tout le monde. Il n’est pas rare, afin d’optimiser le calendrier virtuel, de passer plusieurs heures à papoter avec des PNJs sans aucune forme d’interaction autre que nos choix de dialogues. Heureusement, le soin apporté à l’écriture, le remarquable travail réalisé sur les personnages ainsi que l’intérêt des thématiques abordées, assurent le liant avec les phases de gameplay pur. Car le scénario de Persona 5 captive de bout en bout et la quête de vos justiciers improvisés, non satisfaite de soulever d’excellentes problématiques éthiques, réserve aussi de beaux rebondissements. D’autant plus avec cette édition Royale, qui vient enrichir le contenu original d'un trimestre supplémentaire et d'un palais inédit d’excellente facture, conduisant à une nouvelle fin. Les palais justement, ou plus exactement les donjons, parlons-en ! Basés sur l’imaginaire de vos cibles IRL, ils se matérialisent sous des formes aussi insolites que déstabilisantes et, de par leur level design exemplaire et leurs petites énigmes savamment dosées, garantissent une exploration passionnante.
Côté visuel la réalité rattrape vite le dernier né de la saga, initialement sorti sur Playstation 3. D’un point de vue technique pure, hormis ses cinématiques animées de bonne facture, le titre est à la ramasse puisque construit sur les exigences de la génération précédente. Cependant la réalisation n’en reste pas moins agréable. Distribution de bons points à la direction artistique, qui propose un contraste saisissant entre le réalisme de Tokyo et les extravagances du monde psychique. On appréciera aussi le formidable character design de Shigenori Soejima et les superbes artworks fixes pour mettre en évidence ce casting de luxe. Enfin, octroyons les félicitations du jury concernant les choix marqués et extrêmement soignés en terme d’interface visuelle. En résulte un tout cohérent, au service d’une ambiance séduisante. A condition de ne pas être allergique à la culture-pop japonaise bien évidemment ! Une direction accentuée par une bande son de qualité, alternant entre mélodies instrumentales classiques, rifts métalleux, airs Jazzy et une bonne dose de Pop ! Assez déroutant, mais ce parti pris éclectique sert clairement l’atmosphère sonore et le doublage intégral Japonais ne viendra pas me contredire.
Atypique, voilà un terme qui qualifie bien mon ressenti après plus de 100 heures passées en compagnie des voleurs Fantômes. Occasion d'encenser au passage la durée de vie gargantuesque du titre, dans la moyenne (très) haute du genre. On relèvera une courbe de progression bien construite, sans obstacles majeurs hormis quelques boss retords. Un NG+ viendra emplir le calice jusqu’à la lie pour les acharnés, désireux de finaliser les interactions avec l’ensemble des confidents, maximiser ses statistiques et arracher les derniers secrets du jeu.
Complètement barré sur la forme avec un imaginaire psychique propice à toutes les folies, le bestiaire déjanté en étant la plus belle preuve (cher démon-bite si tu nous lis…), le titre n’en oublie pas pour autant de soigner son fond. Un gameplay généreux et une histoire habilement narrée assurent une épopée magistrale, rarement prise en défaut malgré quelques longueurs. Persona 5 s’impose ainsi comme l’un des meilleurs J-RPG de ces dernières années, fort d’une expérience rafraîchissante et originale. A essayer de toute urgence.
Franz26 a dit (18 Décembre 2021 à 08:55)
Inutile de présenter la saga des Gears of War, licence phare de la 360 confortablement installée au panthéon du TPS puisque directement à l’origine de sa démocratisation. C’est donc sans surprise qu’un 4e volet sous stéroïdes vient accompagner les débuts de la Xbox One. Seulement voilà, après 3 épisodes majeurs et un spin-off qui commençait à sentir le réchauffé, The Coalition doit, en successeur d’Epic Games, sortir l’artillerie lourde afin de raviver la flamme et la passion des joueurs.
Comme la série a toujours proposé des modes coopérations de qualité, j’ai sollicité l’assistance de mon cher Gon, homme négligé mais libre de ses contraintes paternelles le temps d’un week-end, avec qui une épopée musclée et moite prend une toute autre saveur. Aux bons souvenirs de nos jeunes années et des dizaines d’heures passées ensemble sur la franchise : Locustes, tenez-vous bien, ça va tronçonner !
Deux décennies se sont écoulées depuis les évènements du troisième opus et la civilisation, dans un piteux état, semble retrouver une quiétude relative sous le régime militaire de la CGU. Notre petite troupe de mercenaires n’apprécie pourtant guère cette servitude et s’en va défier les autorités afin de retrouver un semblant d’indépendance. Mais très vite la donne change et nos héros découvrent bien malgré eux que les Locustes pullulent à nouveau dans les entrailles de la terre. Un scénario prétexte plus tard, et place à une campagne sanglante et suintante régie au doux son des balles et râles d’agonie ! La subtilité est morte, paix à son âme. Et ne comptez pas sur la mise en scène pour retrouver un peu de bon sens : la démesure reste de vigueur, et ça tombe bien, on est là pour ça !
Autant casser le suspens de suite, ce GOW 4 ne réinvente aucunement la recette de ses aînés et se contente de mécaniques efficaces parfaitement rodées. Ainsi, quelques heures de jeu suffisent pour dresser un constat paradoxal : d’un côté on retrouve avec bonheur les sensations originelles en défouraillant du Locuste (et de l’androïde) en masse, mais d’un autre le manque d’innovation général laisse un petit goût amer en bouche. Gears 4 se pose donc comme un TPS nerveux et sauvage, qui cache derrière son aspect bourrin un certain sens de la stratégie. N’espérez pas foncer tête baissée à découvert et vous en sortir sans casse, non, la prudence reste de mise et tout ce qui peut vous servir de couverture sera bienvenue afin de se protéger des rafales ennemies. Rassurez-vous, l’arsenal mis à votre disposition restera votre meilleur allié pour déverser tripes et cervelles sur les murs : mitraillettes, sulfateuses, fusils à pompe, arbalètes, snipers, grenades, etc… accompagneront vos frénésies sanglantes avec panache. Sans aucune forme de censure bien évidemment, et c’est donc avec une rare félicité que l’on découpe du Locuste à l’écran. Toujours aussi jouissif, une fois la lourdeur des déplacements apprivoisée. Un gameplay éprouvé et conforté par un level design travaillé, qui assure une progression plaisante malgré une construction couloir/arène/nettoyage assez redondante. Quelques phases de gameplay champagne à demi scriptées viendront casser la monotonie, mais on relèvera surtout les excellents passages inspirés du mode horde où l’on se doit de fortifier et de défendre nos positions jusqu’à la mort… des autres ! Nouvelle composition florale sur la pierre tombale de la subtilité, amen.
D’un point de vue visuel le bon technique ne saute pas forcement aux yeux vis à vis de la génération précédente. Une réalisation de qualité construite autour d’une 3D fine aux textures convaincantes, soutenue par de beaux effets visuels et une animation exemplaire. On saluera même la variété des environnements, laissant entrevoir quelques panoramas plus verdoyants qu’à l’accoutumé. La direction artistique parachève cet excellent constat, au cœur du spectacle proposé. Car l’univers de GOW 4 se veut très immersif, exposant sans filtre la déchéance de l’humanité qui s’accroche à de rares vestiges de civilisation, tandis que les entrailles de la planète mutent viscéralement. Tout un background apocalyptique diablement efficace, renforcé par une bande son au poil. Qu’il s’agisse des bruitages pour appuyer la violence à l’écran, des musiques histoire de temporiser entre deux gunfights ou même du doublage VF tout à fait dans le ton, l’ensemble respecte les codes de la saga.
En mode vétéran, largement abordable en coopération malgré un coéquipier manchot incapable de gagner le moindre duel à la tronçonneuse, il ne nous aura fallu qu’une dizaine d’heures pour parcourir la campagne principale. Vu que nous avons omis tout le pan on line du jeu, loin d’être négligeable si j’en crois mon expérience sur le 3e opus, je me garderai d’un avis tranché en terme de durée de vie.
Gears of War 4 officie comme un TPS modèle et perpétue raisonnablement son lourd héritage. La recette ne change pas d’un iota et se contente de quelques nouveautés maigrichonnes, au service d’un gameplay irréprochable. Un plaisir de jeu coupable et accentué en coopération : de quoi combler mes attentes après une décennie d'abstinence. Difficile néanmoins d’imaginer la pérennité de la franchise si elle continue de camper timidement sur ses acquis. En complet décalage avec le timing des sorties, je vous donne rendez-vous en 2022 pour un nouvel aparté sanglant sur le 5e opus. Sur ce, j’ai les locustes au point d’émergence. Comprenne qui pourra.