Franz26 a dit (09 Août 2022 à 07:34)
Développé par les petits gars de Dennaton Games, Hotline Miami s’est rapidement fait un nom sur la scène indé. Titre arcade au concept aussi violent que jouissif, le succès fut tel que le studio enchaina avec un second opus, occasionnant une compilation en boite sur Nintendo Switch. Sujet du jour. Amis tueurs en série aux tendances psychédéliques, voilà de quoi vous divertir en tout impunité !
Nous voici en présence d’un titre arcade rétro non sans rappeler, du moins au premier coup d’œil, un certain GTA. Constat réducteur, dû à la caméra suivant l’action du dessus et à une réalisation 2D pixélisée. Ce qui n’empêche pas Hotline Miami de dégager un vrai cachet visuel, directement lié à son sens du pixel art, sa palette de couleur néon ou encore son goût prononcé pour l’hémoglobine. Car du sang, vous allez en répandre, croyez-moi !
Hotline Miami pourrait se définir comme un die & retry mélangeant action, shoot et puzzle-game. Vous incarnez Jacket, un homme instable en proie à des illusions, tueur sanguinaire à ses heures perdues. Chaque niveau débute donc par une petite scénette vous conduisant sur les lieux du futur massacre. Une fois sur place, l’objectif est clair : s’infiltrer et éliminer les menaces les unes après les autres. Mais la difficulté de Hotline Miami ne pardonne pas la moindre approximation, et analyser minutieusement la situation se révèle primordial afin d’anticiper tout écueil mortel. Car un petit raté de timing, une avancée trop téméraire ou encore un ennemi embusqué causera instantanément votre perte. Fort heureusement, l’IA n’a pas inventé l’eau tiède et notre bonhomme bénéficie d’un arsenal barbare fichtrement efficace. Si le corps à corps se veut plus risqué qu’une arme à feu, ces dernières annihilent toute la furtivité de l’entreprise. Sabre, pied de biche, couteau, fusil à pompe, mitraillette, etc… à vous de faire le tri parmi un bazar conséquent (et aléatoire), jusqu’à vous sentir suffisamment à l’aise pour nettoyer la zone tout en surveillant votre jauge de combo afin d’exploser le scoring. Les essais s’enchainent sans temps mort dans l'attente du carnage parfait, matérialisé par un glorieux sillage de sang ininterrompu.
Le gameplay s’en trouve réduit à son plus simple appareil : un joystick pour orienter le personnage, l’autre pour viser/verrouiller un ennemi, une touche pour frapper/tirer et une seconde pour lancer/ramasser une arme. Il faudra néanmoins quelques minutes avant de se familiariser avec les commandes, la nervosité des déplacements et du viseur n’étant pas facile à synchroniser. Mais une fois apprivoisé, le gameplay procure des sensations grisantes ! Se dégage alors un feeling exaltant, véritable transe frénétique sanglante où l’ultra-violence n’a plus de limite. Bien sûr tout cela reste à prendre au 5e degré tant le titre se pavane dans le gore et l’exagération. Un ensemble sublimé par une bande son électro enivrante, avec des musiques parfaitement dans le ton pour retranscrire l’ambiance Miami des années 70’s, sentant bon la coke, la mafia et les putes.
Hotline Miami 2 : Wrong Number conserve cette recette à succès et l’agrémente de quelques nouveautés. Ainsi, on suit cette fois le destin de plusieurs personnages à la santé mentale douteuse et aux intrigues croisées toutes aussi macabres les unes que les autres ! S’ensuit une narration nébuleuse jouant sur la perception des sens, jusqu’à livrer un final sous amphétamine où la folie atteint son paroxysme.
Si le premier opus nous proposait une vaste sélection de masques en début de niveau, chacun associé à un effet bonus particulier, se sont directement les héros qui usent de capacités distinctes dans Hotline Miami 2. Entre le duo infernal maniaque de la tronçonneuse, le flic fou qui ne peut utiliser d’arme létale ou encore la brute de service se battant uniquement à mains-nues, il faudra prendre en compte les spécificités de chacun pour venir à bout d’arènes impitoyables.
La longévité de cette compilation dépendra de votre skill et de votre envie de scorer. Ce deuxième facteur m’ayant laissé de marbre tant la simple traversée des niveaux se révèle être un challenge en soit ! Notez que le second opus m’a semblé un poil plus long et difficile que son aîné malgré des mécaniques de gameplay désormais familières, tirant la durée de vie globale vers la quinzaine d’heures de jeu. Vu l’intensité des parties, cela suffit amplement ! D’autant qu’on y reviendra avec plaisir histoire de se défouler quelques minutes.
Hotline Miami Collection n’est pas une cartouche à mettre entre toutes les mains moites. Son concept exigeant, purement arcade, ultra-violent et porté par une ambiance limite malséante s’adresse à une niche de joueurs. Soyez prévenu. Mais pour peu d’adhérer à l’expérience, vous découvrirez deux ovnis absolument jouissifs… et épuisants ! Véritable trip vidéoludique décomplexé.
Franz26 a dit (04 Août 2022 à 07:46)
Difficile d'ajouter quoi que ce soit à l'exhaustive et excellente Review de mon compère benben, que je partage complètement. Par principe, je me dois néanmoins de rédiger un petit billet personnel en guise d'hommage solennel à ce titre unique.
Jeu emblématique de la GameBoy, Link’s Awakening détient une place privilégiée dans mon petit cœur de joueur. Mais malgré des dizaines d’heures à vagabonder sur cet écran noir & blanc bon marché, m’attelant à la taille des herbes hautes avec une frénésie digne d’un jardinier Mexicain, je n’ai jamais réussi à en voir le bout. Trop jeune à l’époque pour affronter la non linéarité du titre. Un remake sur Nintendo Switch ? En voilà une riche idée ! Shut up and take my money !!
Link’s Awakening fut donc ma première expérience dans la peau de… Link. En effet, ma mère me refusait l’achat d’une Super Nes, et si je profitais de « A Link to the Past » chez des amis, mon Zelda à moi, c’était sur GameBoy que ça se passait ! Un jeu magnifique au gameplay maitrisé et fidèle aux codes de la série, reprenant la recette de l’épisode 16 bits pour l’adapter à la perfection sur la portable grise. Ce volet connu même une adaptation GameBoy Color intitulée « DX », enrichie d’un donjon bonus. Et nous voilà, 30 ans plus tard, devant ce titre mythique entièrement revisité.
Un remaniement visuel d’abord, qui débute par une petite cinématique animée fidèle à la version GameBoy, présentant Link en difficulté dans sa modeste embarcation face à une mer déchainée. On assiste ensuite au réveil du héros dans le village des mouettes, bien décidé à s’échapper de cette prison naturelle : l’île Cocolint, caractérisée par un œuf géant niché sur son plus haut sommet. Pour se faire, il devra réunir les 8 instruments magiques afin de réveiller le poisson-rêve, entité au cœur de ce grand mystère. Au revoir Hyrule, princesse Zelda et Ganondorf, ce qui fait de Link’s Awakening un opus un peu à part.
Premier constat : le jeu conserve la vue de ¾ originelle et exhibe une 3D chatoyante au style cartoon très enfantin. Tableaux après tableaux, on contemple ce défilement de petits diaporamas adorables à la finesse remarquable ! A mon sens la direction artistique sied parfaitement à l’univers coloré de l’île Cocolint, et le travail sur les textures et les effets force le respect. Attention cependant, cet aspect « jouet » ne plaira pas à tout le monde. J’ai opté pour une expérience en mode nomade, histoire de conserver le côté « portable » de l’œuvre. Un régal. Mise à part cette refonte technique au parti pris singulier, Link’s Awakening Remake fait preuve d’une fidélité exemplaire et met un point d’honneur à ne pas dénaturer le materiau brut. Ennemis, PNJs, items, décors, secrets, etc… tout est disposé au pixel près comme dans la mouture Gameboy, pour le plus grand plaisir des puristes.
A peine dépoussiéré, si ce n’est par le biais d’une maniabilité et d'une interface assouplies, le gameplay se révèle toujours aussi plaisant. La recette ne surprendra personne et accorde une place prépondérante à l’exploration. L’objectif sera donc la main mise sur des accessoires bien utiles : grappin, bombes, arc, etc… l’arsenal classique de tout elfe en tunique verte qui se respecte ! Ces items régissent ainsi la progression et seront mis à l’épreuve aussi bien dans les donjons qu’au quotidien, afin de dénicher les nombreux « quarts de cœur » et autres collectibles. Car malgré les indications récurrentes du hibou, votre esprit d’aventurier va devoir s’aiguiser en vue de percer les mystères de l’île ! Comme d’habitude, les donjons réservent leur lot d’énigmes et nécessitent un minimum de bon sens. Rien d’insurmontable, d’autant qu’il est désormais possible d’inscrire des annotations sur la carte afin de se repérer plus facilement dans ces dédales obscurs au level design exemplaire. Quoiqu’un peu sage. On appréciera aussi les phases de plates-formes 2D, références directes à Mario Land jusqu’au thème musical les accompagnants, égaillant ainsi un gameplay maitrisé mais sans surprise. Au rayon des défauts, les boss s’avèrent complètement oubliables et n’opposeront guère de résistance une fois leur point faible dévoilé.
Malgré tout la durée de vie reste honorable, comptez au bas mot une quinzaine d’heures avant d’en faire le tour correctement. Honnête pour un opus portable. Ce remake incorpore évidemment le temple des couleurs de la version DX et se dote d’un éditeur de donjons. Enfin, soulignons le travail effectué sur la bande son, entièrement réorchestrée. Alternance équilibrée entre musiques d’ambiance et thèmes épiques, formant un ensemble solide consolidé par un sound design familier.
Véritable déclaration d’amour pour les fans de la première heure, cet opus parlera probablement moins aux nouveaux venus sur l’île Cocolint. Mais si la nostalgie joue forcement dans l’appréciation finale, les qualités de Link’s Awakening Remake sont indiscutables. Portée par une réalisation séduisante et des mécaniques de jeu intemporelles, l’épopée réchauffée de notre héros mythique a fière allure. Un petit chef d’œuvre, à (re)découvrir impérativement.
Franz26 a dit (02 Août 2022 à 07:42)
« Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, KOWABUNGA, le cri des ninjas ! Quatre tortues d'enfer, dans la viiiille ! Chevaliers d'écailles, et de vinyyyyle ! » Pardonnez-moi ce petit moment d’égarement, mais à l’évocation de ces doux mots impossible de ne pas me remémorer le dessin animé mythique diffusé chez nous début 90 (lancez l’opening pour vous mettre dans le bain en lisant cette Review) ou les films d’antan, associés aux innombrables goodies. Deux jeux vidéo exploitant la licence ont particulièrement marqué leur époque : le fameux opus Nes à la difficulté aberrante mais qui aura fait rêver des millions de gosses, et le grand Turtles in Time de la Super Nes. Tribute Game rend aujourd’hui hommage à ces titres par le biais d’un beat’em all typiquement rétro. Voyons voir si la mayonnaise prend aussi bien qu’avec Street of Rage IV, licence également ressuscitée d’outre-tombe il y a peu.
Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenche (TMNT) se présente donc comme un beat’em all old school, et joue clairement sur la fibre nostalgique des gamins ayant grandi en compagnie de nos justiciers en herbe amateurs de pizzas. J’en fais parti. Inutile de vous présenter la bande à Leonardo ni les nombreux antagonistes mythiques de la série que vous allez côtoyer durant votre parcours. Le titre peut s’appréhender jusqu’à 6 joueurs en coopération locale (bon, à 3 c’était déjà le bordel…), soit en Arcade avec un nombre de vie limité, soit via le mode Story. Ce dernier use d’une mappemonde, aux bons souvenirs de l’opus Nes, sur laquelle vous sélectionnez les niveaux en déplaçant le « Turtle Van ». Après avoir choisi un personnage, aux statistiques de base individualisées, il va falloir traverser des stages emplis de collectibles et de défis bonus. Heureusement, vos héros vont progressivement gagner en puissance afin de surmonter l’adversité croissante… mais pas trop ! Le jeu étant relativement permissif, même en mode Arcade.
Si la prise en main est immédiate, la maitrise de sa tortue demande un minimum de doigté avant d’assimiler toute la panoplie de mouvements, et notamment la science de l’esquive. User du terrain à son avantage sera aussi le b.a.-ba d’une progression sans encombre, et ce malgré une interaction avec les décors assez réduite. En résulte des combats nerveux, fluides et jouissifs, entrainant le joueur dans une transe frénétique au rythme endiablé. Enfin, LES joueurs, car l’aspect coopération n’est pas à négliger et parcourir le titre à plusieurs démultiplie carrément l’intérêt et le fun.
L’autre grand atout de TMNT provient de sa réalisation délicieusement rétro, exhibant une 2D chiadée tout en pixel art. Outre de jolis décors, les sprites sont magnifiques et jouissent d’une animation exemplaire, venant conforter ce plaisir coupable de violence gratuite mais décalée. En effet, on retrouve un humour très 1er degré dans les animations et les mimiques des protagonistes, la mise en scène ou les divers écrans fixes transitoires. Au passage, mention très bien pour la vidéo d’intro calquée sur le générique culte du dessin animé. Dopée par une direction artistique géniale, l’ambiance du jeu fond dans la bouche tel un savoureux caramel et viendra ravir les fans de la première heure. D’autant que la bande son pérennise ce constat : les musiques font le job, au même titre que les bruitages et le sound design général. Les voix VO se révèlent évidemment excellentes, même si on n’aurait pas craché sur une petite VF avec les doubleurs d’origine.
Avant de conclure, soulignons l’excellent bestiaire et les boss épiques qui barreront votre route 16 niveaux durant. Quel plaisir de défoncer les sbires de Krang et Shredder puis d’affronter ces derniers dans le grand final ! Du fan service de qualité. Malheureusement la durée de vie, genre oblige, n’excédera pas les 3 heures pour un premier run. Et si l’on recommencera avec plaisir l’aventure afin d’incarner de nouveaux personnages tout en augmentant le challenge via les niveaux de difficulté, TMNT ne vous retiendra pas tout l’été devant l’écran. A ressortir occasionnellement entre potes.
Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenche se veut un formidable hommage aux beat’em all des années 90. Bénéficiant d'une aura affective hors-norme, le titre de Tribute Game a su moderniser ses mécaniques de jeu afin d’offrir une expérience old school accessible et parfaitement équilibrée. Difficile de bouder son plaisir devant l’un des meilleurs jeux Tortues Ninja sorti à ce jour, excellent représentant du genre.
Franz26 a dit (24 Juillet 2022 à 07:43)
Dragon Quest… un nom chargé d’histoire qui parlera à tous les connaisseurs de jeux vidéo, amateurs ou non de J-RPG. Précurseur et porte étendard du genre aux côtés des Final Fantasy, la saga s’avère pourtant bien moins prisée sur le vieux continent. Car à l’époque où les chefs d’œuvres de Square inondent enfin le marché Européen, ce fameux Draque VII snobe allégrement notre beau pays. Un coup de poignard en plein cœur pour tous les fans du genre, devant attendre le 8e opus afin de découvrir enfin la franchise sur Playstation 2. Une belle revanche donc que ce portage 3DS, intégralement traduit dans la langue de Molière s’il vous plait !
En son temps, le titre phare d’Enix connu un développement houleux. Maintes fois repoussé, il voit le jour en fin de vie de la console et accuse un retard technique évident, souffrant clairement de la comparaison avec la concurrence qui se modernise. Dragon Quest VII a donc tout du J-RPG old school par excellence, auréolé d’une obsolescence charmante. D’autant que la version 3DS apporte son lot d’améliorations, à commencer par un lifting graphique efficace exhibant une 3D chatoyante et affinée. On appréciera notamment les animations et la vue de dos lors des combats, venant trancher avec l’historique vision subjective de la franchise qui sévissait à l’époque. Le plus gros du travail ayant été réalisé sur les sprites des personnages et ennemis, délaissant les vieux pixels 2D pour une modélisation 3D exemplaire. Malgré un framerate à la ramasse, l’ensemble n’en reste pas moins très convaincant pour de la 3DS.
Combats au tour par tour, menus traditionnels, montée en expérience et système de « jobs », les mécaniques de jeu parleront à tous. Un gameplay classique et sans fioritures, prenant son temps avant de dévoiler sa richesse puisque l’Abbaye des vocations, lieu saint où vos personnages peuvent changer de classe, ne devient accessible qu’après vingt heures de jeu environ. Une bagatelle me direz-vous, car Dragon Quest VII se dote d’une durée de vie à toute épreuve ! Comptez au bas mot 70 heures avant d’en voir le bout, tout en gardant à l’esprit que la difficulté de cette version portable a été revue à la baisse. J’avoue avoir à plusieurs reprises consulté une solution afin de m’affranchir de la non linéarité du titre, qui ne distille pas toujours d’indices quant à la marche à suivre. Les plus motivés vagabonderont souvent à la recherche du PNJ ou de l’item clé, tout en subissant l’infernale fréquence des combats aléatoires. Heureusement, cette version 3DS se veut plus digeste et représente enfin les ennemis à l’écran, pour mieux les éviter ! A noter la présence de donjons annexes et fonctionnalités en ligne dispensables afin d’enrichir un contenu dantesque.
Comme à l’accoutumé, ce Dragon Quest nous happe avec simplicité au sein d’un univers Heroic-Fantasy naïf, empreint de la patte artistique de Maître Toriyama. C’est dans ce monde magique que prend place les aventures de notre petite bande, de prime isolée sur la seule île du globe. Du moins en apparence, car très vite notre troupe va découvrir un sanctuaire mystérieux permettant, en reconstituant des tablettes magiques brisées, de voyager vers le passé à la recherche de nouvelles terres. A chaque peuple un problème à résoudre, et un futur à assurer. Une fois la tâche accomplie, l’ile apparaît dans le présent et ne demande qu’une seconde exploration. Je schématise, mais vous avez compris l’idée. Ainsi, une large partie de l’aventure consiste à rechercher des morceaux de tablettes afin de voyager dans le temps et résoudre moult problématiques locales. Petit à petit des liens se forment, le monde présent reprend vie… au même titre que le machiavélique Roi démon ! Un déroulé original bien exploité, au profit d’un scénario ma foi fort intéressant malgré un rythme bancal et une mise en scène sommaire. D’un point de vue musical, Kôichi Sugiyama nous propose des compositions de qualité mais finalement peu marquantes, thème principal de la saga mis à part. Un ensemble cohérent et dense, manquant toutefois d'envergure.
C’est un petit chapitre à l’ordre de mes frustrations vidéoludiques personnelles que je boucle aujourd’hui. Dragon Quest VII, où l’arlésienne éternelle, galette Playstation US sous blister protégée de la poussière dans une vitrine de collection. A croire qu’elle y restera encore un bon bout de temps, mais désormais son épopée ne me sera plus inconnue. Se plonger dans Draque VII aujourd’hui par l’intermédiaire de cette version 3DS, c’est l’assurance de retrouver un J-RPG old school de qualité, généreux en contenu et fidèle aux codes de la série. Pénalisé par des carences de rythme dans sa progression et quelques rigidités inhérentes à son âge, le jeu s’appuie sur un univers plaisant, un gameplay efficace et un scénario travaillé pour tenir en haleine les joueurs avertis. Et si à l’image de sa thématique sur les vestiges du temps le titre culte d’Enix accuse bien le poids des ans, il n’en reste pas moins un joyau brut aussi imparfait qu’inoxydable.
Franz26 a dit (20 Juillet 2022 à 07:44)
Un nouveau Ratchet & Clank afin de promouvoir le lancement de la Playstation 5, ça ne se refuse pas ! Au programme : un opus inspiré et maitrisé de bout en bout, concentré de plaisir de jeu et vitrine technique Next Gen. Paré pour une épopée passionnante au cœur d’une galaxie en péril ?
Le dernier né d’Insomniac Games démontre fièrement les capacités de la Playstation 5 en s’appuyant sur une réalisation aux petits oignons. Outre une 3D magnifique venant matérialiser un monde fourmillant de détails et animé à la perfection, on relèvera aussi des temps de chargement quasi inexistants. Constat visuel probant parachevé par une direction artistique exceptionnelle riche en couleur. Car l’univers de Ratchet & Clank n’a jamais été aussi agréable à parcourir, débordant de vie, d’humour, d’originalité et d’ingéniosité ! S’ensuit une immersion incroyable, dépaysante, et soutenue par un gameplay parfaitement calibré.
A ce niveau, pas de quoi perturber l’habitué de la saga, et notamment ceux ayant déjà touché au reboot de 2016. Action-Plateformer 3D classique, vous incarnez Ratchet et… Clank ! - dit j’te jure - dans une nouvelle aventure, ou plutôt mésaventure ! En effet, concours de circonstance oblige, alors que les rangers Galactiques coulent des jours (trop) paisibles, un « dimensionateur » défectueux projette nos amis dans une autre dimension, fusionnant ainsi plusieurs mondes désormais soumis à des failles temporelles instables. En gros : c’est le bordel ! Mais en terme d’intérêt ludique, quel pied ! D’une ville futuriste à une jungle préhistorique, en passant par une zone désertique ou un champ d’astéroïdes, le voyage sera inoubliable et d’une fluidité déconcertante. Sans transition, la bande son complète l’expérience avec des musiques efficaces, un doublage VO parfait et des effets sonores irrésistibles.
Dans les faits la recette n’a pas beaucoup changé : on retrouve ainsi une grosse dose d’action, de plates-formes, d’exploration et de réflexion au cœur d’un gameplay très complet. Les gunfights, si on peut les appeler ainsi, garantissent toujours le spectacle par le biais d’un arsenal aussi loufoque que dévastateur qu’on prendra malin plaisir à upgrader via des arbres de compétences. Une montée en puissance nécessaire afin d’occire sans transpirer les hordes de vilains, mécaniques ou biologiques, en présence. Ce cocktail parfaitement équilibré assure une variété de situations impressionnante, au profit d’un gameplay accessible frisant l’excellence.
Si l’on ne reviendra pas sur le contenu scénaristique de ce Rift Apart, complètement anecdotique, l’arrivée de nouveaux protagonistes apporte un petit vent de fraicheur appréciable. La fougueuse Rivet et la timide Kit, respectivement alter-ego dimensionnels du Lombax et de notre petit robot, se partagent ainsi la vedette afin de déjouer à nouveau les plan d’un Dr Nefarious plus machiavélique que jamais. Un périple jouissif malheureusement bouclé un peu vite, puisqu’une quinzaine d’heures suffisent à faire le tour du jeu, collectibles optionnels inclus.
Embrassant de plein fouet son héritage, Rift Apart excelle dans tous les domaines et s’impose sans doute comme le meilleur opus de la franchise ! Ces nouvelles aventures de Ratchet & cie, véritable condensé de fun au service du joueur, assurent un divertissement visuel et ludique de haute voltige. Référence indiscutable en matière de d’Action-Plateformer sur Playstation 5. Chapeau-melon.
Franz26 a dit (31 Mai 2022 à 07:42)
En admirant les premiers visuels du titre, exposant une flore verdoyante emplie d’oiseaux qui gazouillent, on comprend d’emblée que Kena : Bridge of Spirits va séduire les amoureux de la nature et de fables mystiques. Ode féérique au message écologique évident, le titre d’Ember Lab n’en oublie pas d’être un jeu vidéo avant tout. Et quel jeu mes amis !
Avant d’aborder le fond du sujet, concentrons-nous sur la forme. Kena : Bridge of Spirits exhibe une esthétique somptueuse étayée par une direction artistique tout aussi exceptionnelle. Grâce à une 3D propre fourmillant de détails, de magnifiques environnements colorés prennent vie et offrent quelques panoramas grandioses. Un véritable enchantement visuel, bijou d’animation digne d’un Pixar des grands jours. En terme d’atmosphère on se rapproche davantage d’un Ghibli et de certaines œuvres de Miyazaki, Princesse Mononoke en tête. En effet, impossible de ne pas faire le parallèle avec le chef d’œuvre du Japonais : nature en proie à la corruption, divinités et énergie naturelle au cœur de l’intrigue, etc… D’ailleurs les « Rots », petits ectoplasmes à collectionner et liés à vos pouvoirs, renvoient clairement aux esprits de la forêt de Princesse Mononoke. Ils accompagneront Kena durant toute l’aventure, se matérialisant et s’amassant à vos côtés en temps réel.
Les premiers pas dans l’univers de Kena : Bridge of Spirits laissaient pourtant craindre un trop plein de classicisme. Notre jeune fille, guide spirituel de son état, cherche à restaurer l’équilibre de la forêt afin de sauver les esprits tourmentés du village, corrompus par un mal mystérieux. Dans les faits, nous voici en présence d’un action-aventure traditionnel axé sur l’exploration, avec son lot de collectibles, saupoudré d’une pincée d’énigmes et de plates-formes. L’aventure commence donc tranquillement, en posant les bases d’un gameplay assez simpliste aux premiers abords. Mais la donne change rapidement, et très vite Kena va développer de nouveaux pouvoirs qui renforceront grandement l’aspect ludique du titre. Passée quelques heures de jeu l’alchimie prend forme, soutenue par une sensation d’exploration grisante. Car la découverte d’une nouvelle zone se révèle toujours passionnante, et le monde de Kena forme un ensemble cohérent laissant une grande liberté au joueur. Un modèle de level design, si bien que l’on s’écarte naturellement de la trame principale afin de fouiller les moindres recoins des environs. Recherche largement facilitée par la présence de téléporteurs.
Equipé de son bâton magique, Kena distribue les mandales tel un maitre d’armes mais peut aussi compter sur de mystérieux pouvoirs : arc, champ de force protecteur, coups spéciaux, etc…, c’est un arbre de compétences limité mais bien équilibré qu’il faudra apprivoiser... car des boss redoutables se dresseront sur votre route ! Ils nécessitent souvent plusieurs essais et une maitrise parfaite de votre avatar avant de mordre la poussière. Esquive et sens du timing se révèlent donc essentiels, d’autant qu’une caméra virevoltante et un système de lock foireux viennent ternir un gameplay sinon très plaisant.
Nanti de mécaniques de jeu efficaces, Kena : Bridge of Spirits ne laisse rien au hasard. La musique parachève la crédibilité du voyage, en proposant des thèmes somptueux accompagnés d’un sound design travaillé. En résulte une ambiance sonore d’orfèvre, fortifiant cette sensation d’onirisme et d’acte fusionnel avec la nature (Nb Gon : non mon cher, sodomiser des écureuils sauvages ce n’est pas la même chose…).
Quinze à vingt heures de jeu sont nécessaires afin de résoudre l’intégralité des mystères de Kena : Bridge of Spirits. Un constat frustrant tant le titre nous immerge avec dévotion dans son monde enchanteur ! C’est ainsi que, happé par l’écran, nous voici suspendu hors du temps dans un état de transe onirique où s’entremêle émerveillement naïf et mélancolie positive. Pardonnez-moi cette flagellation philo-poétique à deux balles, mais vous avez compris l’idée générale : si Kena : Bridge of Spirits n’a rien d’une révolution, il apporte un vent de fraicheur exquis et s’impose comme un petit chef d’œuvre du genre.
Franz26 a dit (17 Mai 2022 à 23:10)
A peine un an après la refonte du second opus, Capcom persévère et Resident Evil 3 fait à son tour peau neuve sur Playstation 4. Devant les similitudes entre les deux volets je ne m’éterniserai pas, et vous renvoie sans gêne à ma review de Resident Evil 2 remake réalisée l’année dernière :
https://www.seriebox.com/jeux-video/resident-evil-2-2019__ps4.html
Mais une nouvelle virée en enfer dans les rues de Raccoon City hantées par un Némésis au sommet de sa forme, ça ne se refuse pas !
Sans surprise, cet opus s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur et les premiers pas en compagnie de la belle Jill Valentine ne déboussoleront pas les habitués. En particulier si vous avez déjà replongé dans les affres de Raccoon City avec le remake de Resident Evil 2, puisque le célèbre commissariat de la ville se veut ici partiellement réutilisé. Un air de déjà-vu au rabais récurrent, car le level design de ce troisième volet n’égal pas celui de ses ainés et ne renouvèle guère son terrain de jeu. Si l’exploration se veut toujours aussi plaisante et efficace, aucun lieu ne rivalise avec la sublime architecture du manoir Spencer ou le génie des dédales du commissariat. Sans parler de la fidélité au matériau brut, remise en question avec tout un pan de jeu, le Beffroi, absent ! Conséquence immédiate : une durée de vie aussi faiblarde qu’à l’époque, en deçà de la dizaine d’heures pour la trame principale. Et ce n'est pas la présence anecdotique de Resident Evil : Resistance qui relèvera le niveau. Passons sur le scénario de série Z sans grand intérêt, nanar assumé qui tient la route, notamment grâce à une mise en scène bien fichue mais dont la prévisibilité prête à sourire.
Encore une fois Capcom s’efforce de moderniser la recette sans dénaturer l’esprit de la saga, en adaptant les mécaniques d’antan aux normes actuelles. Si les premiers épisodes misaient sur le sentiment d’insécurité avec des protagonistes sous-équipés privilégiant lâchement la fuite, cette fois l’accent est clairement mis sur l’action pure ! Les munitions en abondance permettent ainsi de défoncer sereinement toutes les horreurs en présence, même si la gestion de votre inventaire nécessite toujours un peu de bon sens. Mais la véritable S.T.A.R de cet opus reste le fameux Némésis qui, à l’instar du Tyran ou de Mister X, n’aura de cesse de vous poursuivre durant toute l’aventure. L’indestructible entité horrifique a bénéficié d’un sacré lifting et se révèle plus belliqueuse que jamais !
D’un point de vue technique rien de nouveau à signaler, le moteur de Resident Evil 2 (PS4) fait des merveilles et retranscrit parfaitement l’apocalypse de Raccoon City. Pour autant, de part une action omniprésente et une inspiration moindre en terme d’environnements, l’atmosphère ne prends pas aux tripes comme à l’accoutumé. Et si l’ambiance sonore joue très bien son rôle, on regrettera un fond davantage axé sur la tension et les « jump scares », peinant à encrer un réel sentiment d’angoisse dans le cœur du joueur.
Difficile de passer après le travail titanesque réalisé sur le second opus, et Resident Evil 3 souffre de la comparaison avec son prédécesseur, plus complet à tous les niveaux. D’autant que les développeurs, en manque d’inspiration et osant quelques partis pris contestables, semblent avoir vite expédié l’affaire ! Mais trêve de négativité : portée par une réalisation généreuse et un gameplay respectueux des mécaniques historiques, désormais digestes, l’expérience globale vaut largement le détour. Capcom nous livre ainsi un remake discutable mais un excellent survival-horror. On s’en contentera.
Franz26 a dit (08 Mai 2022 à 08:49)
Développé par PlatinumGames, à qui l’on doit entre autres les fameux Bayonetta, Astral Chain se présente comme un jeu d’action nerveux et déjanté typiquement Japonais. Exclusivité Switch accompagnant les premiers pas de la console, voyons voir ce que le dernier né du studio nous réserve.
Astral Chain nous place dans la peau d’une jeune recrue des forces d’élites locales, dont la mission principale consiste à maintenir l’ordre et à lutter contre des entités dimensionnelles monstrueuses menaçant sérieusement l’humanité. Les hommes se sont retranchés dans une immense arche concentrant les derniers vestiges de civilisation, et espèrent ainsi échapper à la corruption et à l’extinction. A cet effet, les chercheurs ont mis au point un procédé peu banal : apprivoiser (ou plutôt enchainer) les chimères, baptisées Légions, et les retourner contre leurs congénères. Notre héros se découvre alors une affinité particulière avec la créature, et va multiplier les missions de sauvetage tout en enquêtant sur les dessous de cette situation critique. Malgré un casting plutôt convenu l’intrigue bénéficie d’un background travaillé et d’un univers futuriste crédible. L’ambiance apocalyptique, la tension permanente, les révélations scénaristiques et bien évidemment la bande son lient le tout avec brio, et assurent une excellente immersion. Les musiques se révèlent d'ailleurs très réussies : plutôt orientées "Electro", elles savent aussi sublimer le drame ou soutenir certaines scènes à coups de grands chœurs épiques lorsque la situation s'y prête.
Loin d’être une vitrine technologique, Astral Chain ne brille pas par sa réalisation datée et n’a guère l’occasion de se mettre en valeur. Environnements urbains grisâtres et zones dimensionnelles aussi épurées que psychédéliques représentent en effet l’essentiel du terrain de jeu. Le titre se rattrape via une animation exemplaire, un déluge d’effets visuels et une direction artistique réussie, mais n’émoustillera pas vos mirettes. Aux bons souvenirs de la génération PS360…
Dans les grandes lignes, le gameplay repose sur la complicité formée par le joueur et sa Légion enchainée au bras. En résulte une coexistence complexe qui va nécessiter un minimum dextérité. Car si votre Légion se comporte de façon autonome, c’est à vous de lui donner les consignes adéquates, d’exploiter ses coups spéciaux, de surveiller sa jauge de vie et de synchroniser vos attaques afin d’en maximiser l’efficacité. Vous devrez ainsi apprendre à jongler en temps réel entre cinq entités distinctes, tout en maîtrisant le polymorphisme de votre matraque X. Cette dernière peut, au choix, prendre la forme d’une arme de jet, d’une lame polyvalente ou encore d’une épée lourde mais peu maniable. S’ajoute un système d’esquive pour parachever un gameplay dynamique et jouissif, occasionnant des joutes aussi stylées que techniques. Un constat élogieux bonifié par un bestiaire de qualité et une multitude de boss bien vénères !
Mais définir Astral Chain comme un simple Beat’em all aux combats frénétiques ne serait pas lui faire honneur, car le titre de PlatinumGames comporte un aspect plus posé, centré sur la gestion et l’exploration. Commençons par présenter le QG de Neuron, détour indispensable entre deux missions. Outre dialoguer avec vos coéquipiers, en apprendre davantage sur le lore et déverrouiller quelques missions annexes, votre base opérationnelle se révèle surtout utile pour upgrader la matraque X et bichonner les légions, chacune dotée d'un arbre de compétences.
Conformément à ses fonctions, notre justicier ne fait pas que péter des dents et élargi son quotidien en s’improvisant détective de terrain. Il conviendra alors de dialoguer avec un maximum de PNJs afin de récolter des informations utiles pour le déroulement de l’intrigue et les regrouper judicieusement. Sans oublier de résoudre par la même occasion un maximum de quêtes secondaires, car votre degré d’implication sera pris en compte dans le scoring final de mission qui définit l’expérience, l’argent et les bonus alloués. Astral Chain, bien que très linéaire, insiste aussi sur l’exploration en récompensant le joueur avec une myriade de petits secrets (souvent révélés grâce à la compétence d’une Légion), et nous pousse à purger les amas de matière rouge, source de corruption. Enfin, on notera la présence d'énigmes passagères, ainsi que des phases de plates-formes et d’infiltration : un cocktail sympathique mais brouillon, insuffisant pour éviter une certaine forme de répétitivité.
Exploitant intelligemment des idées de game design audacieuses, Astral Chain sent pourtant bon le Beat’em all d’antan et renvoie à des titres mythiques tels que Devil May Cry ou Bayonetta, le côté Mecha en plus. Bourré d’imperfections mais généreux en terme de contenu, le soft de PlatinumGames n’a pas à rougir de sa proposition ludique. A n’en pas douter un excellent jeu, qui devrait combler les amateurs du genre et attirer les curieux.
Franz26 a dit (21 Avril 2022 à 07:59)
Longtemps affublé du nom de code « Project Strategy », le dernier né des papas d’Octopath Traveler aborde une esthétique léchée atypique dans la continuité de leur précédent titre. Changement de registre néanmoins, puisque l’on nous promet un Tactical-RPG révolutionnaire où les choix du joueur vont réellement influencer le déroulement de l’histoire. Promu par ce concept ambitieux, voyons voir si Triangle Strategy s’impose comme un digne héritier des Tactics Ogre et autres Final Fantasy Tactics.
En effet, difficile de ne pas penser aux grands noms du genre lorsque l’on pose les yeux sur Triangle Strategy. Usant de la fibre nostalgique via une réalisation en pixel art d’outre-tombe mais suffisamment moderne, le titre dégage un vrai cachet visuel. Un style old school qui réserve néanmoins quelques tableaux enchanteurs ponctués de superbes effets de lumière, malgré certains décors d’intérieurs très austères. Les nombreux artworks rendent hommage à l’excellent character design de Naoki Ikushima, confortant ainsi cette patine esthétique attrayante et soutenue par une direction artistique de grande qualité. S’ensuit une atmosphère Heroic-Fantasy classique mais totalement immersive, dotant l’univers de Triangle Strategy de contours solides faisant échos à une trame scénaristique bluffante.
Théâtre de guerres incessantes depuis l’aube de l’humanité, le continent de Norzélia profite d’une paix timide et d’un équilibre bancal partagé entre trois grandes nations. Au nord : Aesfrost, terres arides administrées par le cruel intendant Gustadolv, prônant la méritocratie tout en exploitant les abondants filons de fer enfouis sous les montagnes enneigées. A l’est : Hyzante, nation enrichie par le commerce du sel, denrée prisée à l’origine d’un véritable culte religieux. Et au milieu dans un rôle de médiateur : Glenbrook, vastes plaines fertiles sous les ordres de sa majesté Regna. Alors que ces pays rivaux finalisent l’inauguration d’une mine commune, symbole d’apaisement malgré une tension palpable, les festivités dérapent et ravivent les rancœurs. C’est dans la peau de Serenor Wolfort, futur chef de la maison Wolfort et noble influant au service des Glenbrook, que vous allez subir les évènements et tenter de dénouer ce conflit aux enjeux multiples. Derrière ces bribes scénaristiques se cache un synopsis incroyable, riche et mature, condensé des maux affectants l’humanité : complots, trahisons, manipulations, ambitions malsaines, etc… les bonnes vieilles valeurs morales chères à l’humanité !
Mais outre la profondeur des thèmes abordés, la qualité de la narration et le charisme des acteurs, le scénario de Triangle Strategy prend avant tout une ampleur démesurée grâce au libre arbitre laissé au joueur. Intervient alors un système de votes où vous devrez influencer l’opinion de vos hommes afin d’orienter la trame dans la direction souhaitée. S’ensuit des choix cornéliens et des embranchements multiples ayant de vraies conséquences sur le déroulement du jeu : lieux visités, dialogues, combats et dénouement final vont en effet différer en fonction de vos actes ! En résulte évidemment une durée de vie conséquence, puisqu’à minima un deuxième run en NG+ permettra de déverrouiller la bonne fin du jeu (moyennant soluce…) et quelques chapitres supplémentaires.
D’un point de vue gameplay, Triangle Strategy ne fait pas preuve de la même ambition et se contente d’exploiter avec les brio les mécaniques du genre agrémentées de petites nouveautés. On se retrouve donc devant un T-RPG dans la pure lignée d’un Final Fantasy Tactics, où l’on déplace avec minutie sa petite armée dans une arène quadrillée régie par les aléas du terrain. Archers, soigneurs, magiciens, assassins, lanciers, etc… tout le gratin du genre (et plus encore !) fait acte de présence. L’absence d’un système de job ne rend pas pour autant la personnalisation caduque, puisque chaque personnage dispose d’une classe précise et de capacités propres le rendant unique. Ce sont donc vos affinités avec les héros qui vont forger l’identité de votre troupe d’élite, ainsi que les besoins du moment. Certaines arènes favorisant le déploiement de combattants plutôt que d’autres, il faudra souvent composer avec le level design avant de démarrer une escarmouche. A ce propos les zones de combats et les objectifs de missions ne déstabiliseront pas les puristes : une prise de risque minimale au profit d’un ensemble parfaitement équilibré.
En sus du gain d’expérience traditionnel, la montée en puissance s’effectue par l’intermédiaire du forgeron qui, moyennant matériaux et gros sous, upgradera les unités en leur octroyant bonus statiques et nouveaux pouvoirs. L’intendance de votre armée passe donc par le campement, où squatte également marchands et autres utilitaires (dont une tavernière proposant des combats d’entrainement). Si l’ensemble manque un peu d’audace, on saluera un confort de jeu optimal tant dans l’accessibilité générale que l’interface visuelle. Mentionnons enfin les capacités de soutien sur le champ de bataille, permettant de vous tirer de situations désespérées via des interactions cheatées mais à usage limité.
Malgré un gameplay complet et addictif, Triangle Strategy mise donc essentiellement sur la richesse de son synopsis pour accrocher le joueur. Inévitablement bavard et manquant parfois de rythme, il n’échappe pas à la linéarité propre au genre. Un aspect dirigiste conforté jusque dans le recrutement des alliés, automatique une fois le seuil requis de loyauté, pragmatisme et liberté atteint. Non, il ne s’agit pas d'un obscur programme présidentiel mais des valeurs de la balance du jugement, qui progresseront continuellement en fonction de vos choix au cours de l’aventure. L’histoire avance ainsi au gré des évènements programmées et affichés sur la mappemonde, divisés entre scénettes scénaristiques, batailles de rang, votes en bande organisée et phases d’exploration. Un dernier point plutôt anecdotique, où vous pouvez récolter quelques objets et papoter librement avec les PNJs. Les informations glanées à cet effet agrémentent l’incroyable lore du titre, tout en ajoutant des choix de dialogues lors des discussions clés.
Avant de conclure, impossible de ne pas aborder l’aspect sonore de Triangle Strategy tant les musiques concoctées par Akira Senju, compositeur expérimenté mais peu familier du milieu, frôlent la perfection. Des thèmes prenants et puissants, variés et nombreux, confortés par un sound design travaillé et des voix Japonaises immersives ! Un travail d’orfèvre admirable, largement contributeur de l’atmosphère unique du jeu.
Inutile de se complaire dans les éloges, ma note parle d’elle-même. Triangle Strategy s’adresse à des joueurs avertis et amateurs d’un genre de niche, nostalgiques d’une ère révolue et non rebutés par la place prépondérante laissée à l’écriture. Selon votre perméabilité vous découvrirez alors un T-RPG d’exception dans un écrin visuel soigné, conducteur d’un socle imparable : gameplay efficace, bande son d’exception et génie narratif. Complètement sous le charme après avoir exploité le titre jusqu’à la moelle, je me détache enfin de la maison Wolfort et des terres de Norzélia avec la certitude de porter un nouveau chef d’œuvre dans mon cœur.
Franz26 a dit (25 Mars 2022 à 08:32)
Jeu d’action-aventure en 2D abordant une plastique aussi originale qu’esthétique, Tails of Iron attire également le chaland en surfant sur la dynamique des Dark Souls. Au programme : une aventure exigeante mais à l’identité propre, sous couvert d’une symbiose parfaite entre Dark Fantasy et conte fantastique. Mais tout n’est pas que sourire au royaume des rats…
C’est dans un domaine prospère que débute notre aventure en compagnie de Redgi, prince héritier du roi Rattus. Tout juste victorieux du duel devant désigner le successeur au trône, les belliqueuses grenouilles, ennemies jurées des rats, attaquent sournoisement le château. Blessé, notre jeune seigneur reprend ses esprits au milieu des cadavres et s’octroie ainsi la couronne de son défunt père. Loin d’être démoralisé malgré le chaos ambiant, il s’accommode de l’immense tâche qui lui incombe : reconstruire et… se venger !
Un synopsis classique mais qui a le mérite de poser clairement le contexte : on nage en plein fantastique médiéval où les rats et les grenouilles sont humanisés, considérés comme les espèces dominantes tandis que les insectes servent de bétails et de chair à canon. Un monde original qui brille par sa réalisation, entièrement composée de décors réalisés à la main, véritables tableaux animés fourmillant de détails. En contrepartie l'optimisation sur Switch laisse à désirer, avec des plantages de session et bugs d'affichage réguliers. Conduit par une direction artistique sombre et pesante, l’univers du titre émerveille et ose même un aspect post industriel crasseux qui ne se dévoilera qu’au bout de quelques heures. Du grand art.
Grossièrement qualifié de « Dark Souls 2D », il est vrai que gameplay de Tails of Iron se pose à mi-chemin entre Castlevania et la franchise de From Software. Les combats se basent sur un principe d’esquives/parades à utiliser en fonction de l’attaque ennemie, matérialisée par un code couleur pratique. Il se révèle donc impératif de maitriser les patterns adverses, puis de profiter d’un semblant de répit pour porter quelques coups avant de relever lâchement le bouclier. Le timing prévaut aussi avec l'utilisation de la gourde en plein combat, vous laissant complètement vulnérable le temps de remonter la barre d'énergie. Une touche pour l’attaque légère, une autre pour un coup à deux mains, jet à distance, bouclier et roulade, voici l’essence d’un gameplay minimaliste mais exigeant. D’autant que lourdeur assumée des déplacements ne facilite pas les joutes, la célérité du rongeur laissant à désirer. Ici la montée en puissance se fait uniquement par le loot d’équipements et l’upgrade de vitalité via @la.KOUIZINE. Epées, lances, masses, casques, armures, etc… vous allez en récupérer du bordel ! A vous de faire le tri en gardant en tête la notion de charge, nuisant à la mobilité. Il ne manque qu’un système de points de compétences pour ajouter un peu de profondeur à un ensemble déjà très plaisant, qui n’échappe toutefois pas à une pointe de redondance sur la fin.
Le level design reste plutôt sage et linéaire, conforté par une mappemonde détaillée dans la pure tradition des Metroidvania. On regrettera une durée de vie faiblarde, oscillant autour de la douzaine heures pour en faire le tour, post-game compris, non sans éviter nombres d’allers-retours et quêtes Fedex dispensables. Un manque de rythme guère pénalisant tant la qualité de l’univers et l’atmosphère qui s’en dégage assurent à eux seuls l’immersion, bien aidés par une bande son royale. Thèmes d’ambiance et bruitages millimétrés viennent conforter la crédibilité sonore, mais on relèvera surtout l’excellent doublage du narrateur, omniprésent, qui n’hésite pas à user de traits d’humour pour dédramatiser la situation ou apporter une note burlesque savoureuse.
Manquant un peu d’ambition dans son contenu, Tails of Iron n’en reste pas moins une très bonne expérience. Sa patte graphique somptueuse exhibe un monde envoutant qui profite également d'un gameplay pointilleux, à la courbe de progression lissée par les possibilités de loot et l’abondance de points de sauvegarde. Un titre atypique pour un périple haletant (et parsemés de boss retords), au terme duquel vous ne considèrerez plus jamais votre hamster comme un simple rongeur inoffensif. Longue vie à Sir Redgi, longue vie au roi !