L'homme de la cave

Je ne comprends pas les notes basses attribuées à ce film. ^^'

Pour ma part, je l'ai trouvé extrêmement bien écrit car l'intrigue nait de presque rien et s'emballe jusqu'à son climax, et ce, avec une tension narrative très efficace. J'ai pas réussi à en décrocher.
C'était assez osé de mettre en opposition une famille juive et un antisémite négationniste. J'ai été surpris d'apprendre que l'intrigue s'inspirait d'une histoire vraie. Certains propos étaient parfois difficiles à entendre, mais cela montre tout le problème de respecter les convictions de chacun, surtout lorsque celles-ci vous hérissent les poils et vous font hurler jusqu'au plus profond de votre être. C'est un bon thriller judiciaire également, sur fond de "comment réussir à expulser un voisin très gênant". Le film aborde différentes problématiques sérieuses, voire philosophiques, et réussit à emboîter celles-ci avec un certain talent.

Le début est vraiment bien mais après une heure de narration, ça en devient plus que lassant. L'écriture est prenante, et le sous thème de la seconde guerre mondiale est vraiment bien pensé. Mais voilà, il dure près de deux heures et les différentes embûches deviennent répétitives. Si notre trio d'acteurs est impeccable, l'actrice qui joue le rôle de la fille est clairement mauvaise.

Compliqué de décrire ce film.
C'est un film hautement politique, sur l'antisémitisme, et plus particulièrement sur le négationnisme. En cela, c'est un film plutôt bienvenu à notre époque, pour rappeler que la réalité de l'antisémitisme en France est malheureusement encore d'actualité.
Malheureusement, j'ai trouvé le film assez maladroit. Déjà dans sa manière de rappeler la réalité de la shoah, via des dialogues qui semblent extrêmement forcés, et ne pas découler "naturellement" du contexte. On sent le scénariste qui tenait à les inclure, mais qui ne savait pas trop comment les amener.

Ensuite, dans sa manière... particulière, presque ambigüe de traiter le personnage de Cluzet. Certes le présenter comme un personnage uniquement négatif n'aurait pas été une bonne solution non plus, mais là on se demande à plusieurs reprises qui est réellement l'antagoniste du film au vu de sa mise en scène. Pourtant l'idée de la cave était plutôt pas mal comme métaphore du négationnisme et son cortège d'idées rances, mais cette idée est par la suite utilisée avant tout comme marqueur de distinction sociale entre le négationniste démuni et le ... juif aisé ? C'est vraiment l'impression que j'ai de ce qu'essayait de me dire le film. Et là, c'est juste extrêmement maladroit de sa part. J'ai aucun doute sur le fait que ce sous texte est tout à fait involontaire, mais il est présent, et c'est un énorme problème.

Enfin, dans sa manière très dépolitisante d'aborder la question du négationnisme. Simon balance à un moment que si le personnage de Cluzet est comme ça, "'c'est parce qu'il est seul, rongé par sa haine, alors que nous on on est ensemble, et on s'aime". Au-delà de faire lever les yeux au ciel par le côté très niais de cette réplique, c'est surtout le côté "c'est quelques marginaux sur leur ordi, et ça n'a rien d'un problème structurel" qui m'a surpris. En même temps de rappeler la réalité du négationnisme en France, le film semblait en permanence essayer de sous-estimer son ampleur et les impacts qu'il peut avoir, oubliant de fait toute l'idéologie d'extrême droite dont il découle, et dont il n'est qu'une des multiples expressions.

Bref, je n'ai parlé de ce film qu'à travers la manière dont il traite son thème principal, mais deux raisons à ça :
- Déjà ce film semble se présenter avant tout comme un film politique, et c'est donc sur le traitement de cet aspect là qu'il faut le juger.
- Ensuite, quand on voit à quel point les autres sous-intrigues sont traitées avec les pieds (la fille de Simon et son cousin par exemple), autant se concentrer sur le thème principal.
Et force est de constater que là dessus, si son parti pris de rappeler cette réalité est louable, son exécution reste franchement décevante, maladroite, et des fois à deux doigts de tomber .. justement dans les clichés que le film souhaite dénoncer.