J’en termine avec le premier acte de cette compilation du cœur : Final Fantasy VII. Bien que les critiques passionnées pullulent déjà sur la toile, je vais tâcher de hisser ma modeste plume à la hauteur du mythe, dans le seul but de vous présenter, encore aujourd’hui, mon jeu culte.
Premier Final Fantasy à être développé sur la console de Sony, ce titre aura eu un impact démesuré dans le paysage vidéoludique. Notre hexagone avait certes eu droit à quelques arrivées surprises en matière de RPG (Vandal Heart, Suikoden, etc…), mais la localisation Européenne et médiatisée de Final Fantasy VII enfonça enfin les portes si injustement closes depuis des années. Alors que le fantasme d’un remake est désormais assouvi (partiellement du moins, format épisodique et monde de merde oblige), reste le plaisir brut du matériau d’origine. Et c'est via le portage Nintendo Switch que je me lance pour la quatrième fois à l’assaut du secteur 7.
Revenons 25 ans en arrière, à l’époque où la majorité d’entre nous comptait encore ses poils pubiens sur les doigts d’une main. Final Fantasy VII débute par une introduction bluffante en CGI, marque de fabrique de la firme qui aura usé de ce savoir-faire pour vendre le jeu en France à coup de belles publicités mensongères spoilant allègrement… Derrière ses cinématiques parfaitement intégrées et à la mise en scène hollywoodienne, le titre arbore une réalisation grandiose où s’entremêle fonds fixes 2D et modélisation des personnages 3D. Les décors sont superbement détaillés, d’un réalisme inédit, et le contraste pourtant prononcé avec des sprites au style SD ne choque pas. Les combats proposent également un rendu très propre, en assurant au passage une animation exemplaire et de magnifiques effets visuels (mis en avant par les invocations chères à la série). Un bon technique de géant vis-à-vis du 6ème épisode et des standards de la génération précédente. Evidemment, ce constat élogieux accuse aujourd’hui son âge et souffre du passage à l’ère HD. Néanmoins, le mode « nomade » de la Switch offre un confort visuel tout à fait acceptable, et la compression de l’affichage sur tablette permet de profiter allégrement de la finesse des décors et de la formidable direction artistique du jeu.
Si le background de Final Fantasy VI présentait déjà un petit aspect Néo-futuriste, on plonge cette fois dans un monde régit par l’industrie où les quelques éléments d’Heroïc Fantasy sont broyés par un univers Steampunk en décrépitude. S’ensuit une atmosphère exceptionnelle, dirigée par un casting de luxe bénéficiant du character design détonant et moderne de T. Nomura . Vous débutez avec Cloud, un ancien mercenaire venant juste de rejoindre Avalanche. Ce groupe de résistants dirigé par Barret souhaite empêcher la Shinra, puissante corporation capitaliste, d’extraire l’énergie Mako de la terre. Le combustible en question est indispensable pour la survie de la planète, d’où les actes terroristes d’Avalanche visant les réacteurs à Mako de l’immense ville/centrale Midgar. Bien sûr, l’histoire ne fait que commencer et le scénario s’étoffera petit à petit, en abordant notamment des thèmes identitaires et écologiques forts. Au fur et à mesure les enjeux gagneront en intensité, et votre véritable ennemi se révèlera être un personnage mystérieux mais extrêmement puissant, rendant la menace Shinra insignifiante. En effet, comment ne pas mentionner l’éminent Sephiroth, probablement l’antagoniste le plus marquant de la saga. Un ennemi au charisme inimitable qui entretient une intrigante relation avec le héros. Un synopsis complexe, généreux en rebondissements et passages d’anthologie à la mise en scène chiadée. Et si la traduction Française exécrable nuit un peu à lecture générale, on passera dessus vu le luxe que cela représentait à l’époque.
La série nous a habitué à certain standing en terme de bande son, et ce septime volet ne déroge pas à la règle avec maître Uematsu à la baguette. Nobuo, pour les intimes, nous livre un travail absolument remarquable, copieux et qualitatif. Rarement lieux et protagonistes n’auront été aussi bien mis en valeur par leur propre thème musical. Une bande son qui sait également appuyer sur l’émotion, l’intensité, la tension ou l’épique (One-Winged Angel bordel !). Le résultat se savoure de bout en bout et vient conforter l’ambiance unique de Final Fantasy VII, ainsi que l’immersion du joueur dans cet univers cyberpunk tourmenté.
Il serait grand temps d’aborder le gameplay avant que la limite de caractères n’intervienne ! Final Fantasy VII se présente comme un J-RPG traditionnel, avec une équipe de 3 combattants bataillant au tour par tour (sous régime d’une jauge ATB) via le bouquet d’actions habituel : attaque, magies, objets, etc… Le tout mêlé à une montée en puissance progressive grâce à l’expérience accumulée, la gestion de son équipement et de ses matérias. Ces petites pierres, une fois placées sur vos armes et armures ornées d’emplacements dédiés, vous permettent d'accéder à différentes aptitudes : sorts, invocations, capacités spéciales, bonus statiques, etc… Prenons un exemple primaire : l’objet équipé compte une case séparée et une case double. Si dans l’emplacement commun vous placez les matérias « glace » et « tous », votre offensive affectera tous les ennemis présents. Si vous mettez ladite magie dans une case seule, l’attaque ne touchera qu’un opposant. Derrière cette explication sommaire se cache un principe innovant et génial, propice à des combinaisons ingénieuses (et indispensables pour venir à bout des boss ultimes du jeu). Il faut donc répartir ses matérias avec intelligence selon l’objectif recherché : compartimenter les tâches ou, au contraire, veiller à un certain équilibre des rôles. Notez que les combats offrent également un gain en points d’habilité afin d’augmenter le niveau et l’efficacité de vos matérias, jusqu’à la création d’un second exemplaire lorsque la gemme aura atteint le rang de maître. Enfin, une jauge de furie alimentée en contrepartie des dégâts encaissés permet de déclencher des limites aussi dévastatrices que spectaculaires. Complet et innovant sans pour autant renier les mécaniques du genre, le gameplay de Final Fantasy VII se veut d’une efficacité redoutable, mêlant avec brio accessibilité et complexité.
Cette version Switch permet de s’affranchir de quelques contraintes et de tricher un peu avec le confort de jeu original. En cause, des options accessibles par simple pression sur les joysticks, dont deux particulièrement utiles : suspension des combats aléatoires et vitesse de jeu multipliée par trois ! Un bonheur lors des phases de combat lambda ou de leveling (puisque l’on attend simplement le remplissage de la jauge ATB avant de matraquer la touche action), mais également pour parer l’insolente longueur des invocations. Un spectacle à part entière certes, mais dont on se passerait volontiers après quelques utilisations vu l’absence de versions courtes, introduites avec le 9e volet seulement. Autant vous dire que l’on abuse de cette fonction qui, associée à la relative facilitée du jeu et ma connaissance du sujet, m’a permis de peaufiner une partie à +/- 100% en moins de 50 heures ! Pour autant, la durée de vie de Final Fantasy VII reste conséquente et marque notamment l’apogée des quêtes annexes dans la série : boss et personnages optionnels, armes et limites ultimes, élevage de Chocobos ou encore l’emblématique Gold Saucer (parc d’attraction bourré de mini-jeux et de récompenses uniques) assurent un aparté de choix à l’histoire principale.
A l’heure d’apposer un verdict, je vais essayer d’omettre la nostalgie enivrante et mon histoire personnelle avec ce titre mythique. Techniquement bluffant pour l’époque, conforté par un gameplay exceptionnel, un scénario passionnant au ton grave et une bande son majestueuse, Final Fantasy VII a marqué de son empreinte le monde du jeu vidéo. L’audacieux virage amorcé par Squaresoft, sautant les deux pieds joints dans l’ère encore balbutiante de la 3D, aura séduit tant les fans de la première heure qu’une toute nouvelle génération de joueurs désormais appétente au J-RPG. 25 ans plus tard, son éclat n’a pas perdu de sa superbe et conforte sans surprise l’objectivité de mes souvenirs. Auréolé d’un charme unique et de qualités intrinsèques intemporelles, Final Fantasy VII a directement contribué à ma passion du média et à mon amour pour le genre. Chef d’œuvre devant l’éternel, gravé dans mon cœur. Amen.
Dans la continuité des annonces du président et avant un déconfinement généralisé défavorable au glandage intensif devant la console, il est grand temps de se pencher sur Final Fantasy VIII. Un titre mythique qui détient, à l’image de son prédécesseur, une place privilégiée dans mon sanctuaire imaginaire du jeu vidéo (oui, j’ai des problèmes). Début 2000, désormais friand de J-RPG et frustré par une politique de localisation encore injuste (Xenogears, Chrono Cross…), la sortie Française de Final Fantasy VIII fut l’un des plus gros évènements de ma vie de joueur. En guise d’anecdote et histoire d’illustrer l'absurdité de la situation : j’avais à l’époque revendu mon exemplaire de Final Fantasy VII pour racheter la version Platinum, afin de gouter à la démo du huitième volet ! Extrait que j’ai dû terminer une dizaine de fois (ce débarquement des Seeds à Dollet, quel pied !) avant que le titre de Squaresoft ne daigne arriver chez nous. A noter que ce Twin Pack Switch propose la version « Remastered » : pas de quoi s’exciter, Square-Enix s’étant encore une fois contenté du minimum syndical en retravaillant seulement les modèles 3D et en proposant quelques options utiles.
Le jeu débute donc par une introduction en CGI d’une qualité hallucinante, démontrant une nouvelle fois le savoir-faire du studio Japonais en la matière. Claque technique monumentale et leçon de mise en scène, soutenue par une musique de l’épique à faire pleurer un taulard Kurde. Passé ce qui représente à mes yeux l’une des meilleures cinématiques du jeu vidéo, nous nous réveillons à l’infirmerie dans la peau du jeune et fraichement balafré Squall. Etudiant mercenaire pour le compte de la Balamb Garden University, notre héros solitaire entre en phase finale de sa formation. Une fois diplômé et reconnu comme un Seed à part entière, il fera la connaissance de la belle Linoa, pimpante jeune fille s’opposant à l’ambition militaire Glabadienne. Mais très vite les évènements s’enchaîneront de manière incontrôlable et dépasseront le cadre de sa mission d’origine. Seifer, le rival de toujours, se ralliera à l'étrange sorcière Edéa, dont l’influence ascendante semble cacher de biens sombres intentions. Un résumé volontairement dénudé, car la trame de Final Fantasy VIII réserve de belles révélations et plusieurs passages d’anthologie à découvrir par soi-même. On reste pourtant loin de la puissance scénaristique du septième opus, et la romance entre les deux protagonistes principaux (qui éclipsent d’ailleurs totalement le reste de l’équipe) vire parfois à l’eau de rose. Un aspect controversé ayant fait débat à l’époque et qui, associé à certaines longueurs, occulta à tort la qualité globale de l’intrigue malgré un sens inné de la mise en scène.
Final Fantasy VIII pose les bases d’un univers moderne riche et envoutant, confirmant la tendance des éléments futuristes au détriment de l’Heroic Fantasy (toujours présente mais discrète). Sa direction artistique audacieuse fait mouche et assure une ambiance envoutante, largement confortée par l’apport musical. Car Nobuo Uematsu flirte une fois encore avec la perfection, et seuls quelques thèmes d’ambiance un peu plats viennent tempérer un ensemble sonore fantastique. De l’incroyable musique d’intro Liberi Fatabli, en passant par le somptueux Eyes One Me ou le final explosif contre Ultimecia (avec 4 thèmes de folie dédiés à chacune de ses formes…), c’est tout un article qu’il faudrait consacrer à l’exceptionnelle bande son de Final Fantasy VIII !
Squaresoft prend un parti pris risqué en terme de gameplay, et si le système de combat peut paraître classique aux premiers abords (jauge ATB, tour par tour, etc…), il propose en réalité des innovations de tailles. La principale concerne la gestion des sorts, qui ne sont plus conditionnés par une barre de MP mais à dérober sur les ennemis (ou à ramasser via des sources de magie). Il n’est donc pas judicieux de les utiliser en abondance sans tenir compte de ses stocks, d’autant que les sortilèges vont contribuer à l’upgrade de vos statistiques. En effet, les G-Force (invocations) jouent un rôle majeur dans cet opus et permettent, une fois attribuées à vos personnages, de booster différentes caractéristiques sous réserve d’y allouer un stock de magie. Prenons un exemple basique pour les cancres du fond : la G-Force Ifrit possède la capacité « HP » et « Vigueur », nous l’attribuons à Squall. Ce dernier va pouvoir associer dans ces deux emplacements désormais dégrisés les magies de son choix. Ainsi, un stock de Soin Max placé sur la capacité HP va considérablement faire monter sa jauge de vie, alors qu’assigner des Foudres X en vigueur boostera son attaque. Vous suivez ? Car les caractéristiques à prendre en compte sont nombreuses et concernent aussi les défenses et attaques mentales/élémentaires. Finalement, la montée en puissance se fait davantage par la bonne gestion de ses personnages via des associations judicieuses que par le gain d’expérience, relativement anodin (puisque le niveau des ennemis augmente en parallèle).
La personnalisation ne s’arrête pas là car les G-Force évoluent également et apportent des capacités uniques, allant des bonus statiques (HP +40%, auto-booster, initiative, etc…) à des actions spécifiques (tel que voler un ennemi en attaquant par exemple). Toutefois, Final Fantasy VIII s’affranchi d’une gestion de l’équipement poussée puisque seule l’amélioration des armes, prédéfinie, sera possible en contrepartie des matériaux adéquats. Enfin, les « Limit Break » sont de retour et se déclenchent désormais lorsqu’un personnage se tient au seuil de la mort. Un ensemble pas forcement accessible aux néophytes, nécessitant un peu de pratique et des détours réguliers par les menus. Pour autant, la richesse du gameplay ne souffre d’aucune contestation et le tout se révèle très addictif.
Techniquement, Final Fantasy bonifie la recette du septième opus avec des décors fixes partiellement animés à la beauté enivrante, couplés à des sprites 3D réalistes (fini le style SD). Les affrontements sont toujours propices à un déluge d’effets techniques en tout genre, matérialisés par des sortilèges impressionnants et des invocations à rallonge toujours plus imposantes. Les nombreuses cinématiques en CGI s’intègrent parfaitement et les transitions avec les phases de jeu n’ont jamais été aussi fluides, venant ainsi conforter un tour de force visuel qui hisse Final Fantasy VIII parmi les plus beaux RPG de la console. Comme pour son prédécesseur, le support tablette de la Switch assure une résolution acceptable et permet d’apprécier les qualités techniques du titre 20 ans plus tard. D’autant que cette version Remastered fainéante propose malgré tout une refonte convaincante des modèles 3D.
Une fois n’est pas coutume, Squaresoft n’a pas lésiné sur les moyens et nous propose une aventure tenant sur 4 CD-ROM, assurant des dizaines d’heures de jeu tant pour l’aventure principale que pour les quêtes annexes, toujours en grand nombre. Si la plupart manquent un peu d’intérêt, elles permettent de récupérer des items indispensables pour terminer le jeu à 100% et occire les deux gros boss optionnels. Petite fierté personnelle au passage : il s’agit de mon premier run où je pogne le Minotaure à la régulière ! Puis comment ne pas évoquer le fantastique Triple Triad, véritable jeu de cartes dans le jeu, au succès tel qu’il engendra plus tard une version PC en ligne ! Pratiqué par la plupart des PNJs, on s’empressera de défier à loisir nos victimes afin de les dépouiller de leurs meilleures pièces ! Les parties sont ludiques et, si d’une région à l’autre les règles diffèrent, la collectionnite aigue poussera à affronter des centaines d’adversaires afin de compléter son set de cartes.
Vous l'avez compris, difficile une fois encore de laisser mon objectivité sur le trottoir… A son tour, Final Fantasy VIII aura marqué ma mémoire de joueur comme rarement, venant même disputer le piédestal de son prédécesseur (néanmoins indétrônable) ! Osant un renouveau risqué, il propose une épopée mémorable servie par une réalisation divine, une bande son grandiose, un gameplay original et un scénario audacieux au cœur d’un univers chiadé à la direction artistique exemplaire. Squaresoft nous gratifie ainsi d’un nouveau chef d’œuvre intemporel, symbole d’une époque bénie pour la firme Japonaise décidément à son aise sur Playstation.
Final Fantasy VII (19/20)
Version Nintendo Switch 90 h de jeuJ’en termine avec le premier acte de cette compilation du cœur : Final Fantasy VII. Bien que les critiques passionnées pullulent déjà sur la toile, je vais tâcher de hisser ma modeste plume à la hauteur du mythe, dans le seul but de vous présenter, encore aujourd’hui, mon jeu culte.
Premier Final Fantasy à être développé sur la console de Sony, ce titre aura eu un impact démesuré dans le paysage vidéoludique. Notre hexagone avait certes eu droit à quelques arrivées surprises en matière de RPG (Vandal Heart, Suikoden, etc…), mais la localisation Européenne et médiatisée de Final Fantasy VII enfonça enfin les portes si injustement closes depuis des années. Alors que le fantasme d’un remake est désormais assouvi (partiellement du moins, format épisodique et monde de merde oblige), reste le plaisir brut du matériau d’origine. Et c'est via le portage Nintendo Switch que je me lance pour la quatrième fois à l’assaut du secteur 7.
Revenons 25 ans en arrière, à l’époque où la majorité d’entre nous comptait encore ses poils pubiens sur les doigts d’une main. Final Fantasy VII débute par une introduction bluffante en CGI, marque de fabrique de la firme qui aura usé de ce savoir-faire pour vendre le jeu en France à coup de belles publicités mensongères spoilant allègrement… Derrière ses cinématiques parfaitement intégrées et à la mise en scène hollywoodienne, le titre arbore une réalisation grandiose où s’entremêle fonds fixes 2D et modélisation des personnages 3D. Les décors sont superbement détaillés, d’un réalisme inédit, et le contraste pourtant prononcé avec des sprites au style SD ne choque pas. Les combats proposent également un rendu très propre, en assurant au passage une animation exemplaire et de magnifiques effets visuels (mis en avant par les invocations chères à la série). Un bon technique de géant vis-à-vis du 6ème épisode et des standards de la génération précédente. Evidemment, ce constat élogieux accuse aujourd’hui son âge et souffre du passage à l’ère HD. Néanmoins, le mode « nomade » de la Switch offre un confort visuel tout à fait acceptable, et la compression de l’affichage sur tablette permet de profiter allégrement de la finesse des décors et de la formidable direction artistique du jeu.
Si le background de Final Fantasy VI présentait déjà un petit aspect Néo-futuriste, on plonge cette fois dans un monde régit par l’industrie où les quelques éléments d’Heroïc Fantasy sont broyés par un univers Steampunk en décrépitude. S’ensuit une atmosphère exceptionnelle, dirigée par un casting de luxe bénéficiant du character design détonant et moderne de T. Nomura . Vous débutez avec Cloud, un ancien mercenaire venant juste de rejoindre Avalanche. Ce groupe de résistants dirigé par Barret souhaite empêcher la Shinra, puissante corporation capitaliste, d’extraire l’énergie Mako de la terre. Le combustible en question est indispensable pour la survie de la planète, d’où les actes terroristes d’Avalanche visant les réacteurs à Mako de l’immense ville/centrale Midgar. Bien sûr, l’histoire ne fait que commencer et le scénario s’étoffera petit à petit, en abordant notamment des thèmes identitaires et écologiques forts. Au fur et à mesure les enjeux gagneront en intensité, et votre véritable ennemi se révèlera être un personnage mystérieux mais extrêmement puissant, rendant la menace Shinra insignifiante. En effet, comment ne pas mentionner l’éminent Sephiroth, probablement l’antagoniste le plus marquant de la saga. Un ennemi au charisme inimitable qui entretient une intrigante relation avec le héros. Un synopsis complexe, généreux en rebondissements et passages d’anthologie à la mise en scène chiadée. Et si la traduction Française exécrable nuit un peu à lecture générale, on passera dessus vu le luxe que cela représentait à l’époque.
La série nous a habitué à certain standing en terme de bande son, et ce septime volet ne déroge pas à la règle avec maître Uematsu à la baguette. Nobuo, pour les intimes, nous livre un travail absolument remarquable, copieux et qualitatif. Rarement lieux et protagonistes n’auront été aussi bien mis en valeur par leur propre thème musical. Une bande son qui sait également appuyer sur l’émotion, l’intensité, la tension ou l’épique (One-Winged Angel bordel !). Le résultat se savoure de bout en bout et vient conforter l’ambiance unique de Final Fantasy VII, ainsi que l’immersion du joueur dans cet univers cyberpunk tourmenté.
Il serait grand temps d’aborder le gameplay avant que la limite de caractères n’intervienne ! Final Fantasy VII se présente comme un J-RPG traditionnel, avec une équipe de 3 combattants bataillant au tour par tour (sous régime d’une jauge ATB) via le bouquet d’actions habituel : attaque, magies, objets, etc… Le tout mêlé à une montée en puissance progressive grâce à l’expérience accumulée, la gestion de son équipement et de ses matérias. Ces petites pierres, une fois placées sur vos armes et armures ornées d’emplacements dédiés, vous permettent d'accéder à différentes aptitudes : sorts, invocations, capacités spéciales, bonus statiques, etc… Prenons un exemple primaire : l’objet équipé compte une case séparée et une case double. Si dans l’emplacement commun vous placez les matérias « glace » et « tous », votre offensive affectera tous les ennemis présents. Si vous mettez ladite magie dans une case seule, l’attaque ne touchera qu’un opposant. Derrière cette explication sommaire se cache un principe innovant et génial, propice à des combinaisons ingénieuses (et indispensables pour venir à bout des boss ultimes du jeu). Il faut donc répartir ses matérias avec intelligence selon l’objectif recherché : compartimenter les tâches ou, au contraire, veiller à un certain équilibre des rôles. Notez que les combats offrent également un gain en points d’habilité afin d’augmenter le niveau et l’efficacité de vos matérias, jusqu’à la création d’un second exemplaire lorsque la gemme aura atteint le rang de maître. Enfin, une jauge de furie alimentée en contrepartie des dégâts encaissés permet de déclencher des limites aussi dévastatrices que spectaculaires. Complet et innovant sans pour autant renier les mécaniques du genre, le gameplay de Final Fantasy VII se veut d’une efficacité redoutable, mêlant avec brio accessibilité et complexité.
Cette version Switch permet de s’affranchir de quelques contraintes et de tricher un peu avec le confort de jeu original. En cause, des options accessibles par simple pression sur les joysticks, dont deux particulièrement utiles : suspension des combats aléatoires et vitesse de jeu multipliée par trois ! Un bonheur lors des phases de combat lambda ou de leveling (puisque l’on attend simplement le remplissage de la jauge ATB avant de matraquer la touche action), mais également pour parer l’insolente longueur des invocations. Un spectacle à part entière certes, mais dont on se passerait volontiers après quelques utilisations vu l’absence de versions courtes, introduites avec le 9e volet seulement. Autant vous dire que l’on abuse de cette fonction qui, associée à la relative facilitée du jeu et ma connaissance du sujet, m’a permis de peaufiner une partie à +/- 100% en moins de 50 heures ! Pour autant, la durée de vie de Final Fantasy VII reste conséquente et marque notamment l’apogée des quêtes annexes dans la série : boss et personnages optionnels, armes et limites ultimes, élevage de Chocobos ou encore l’emblématique Gold Saucer (parc d’attraction bourré de mini-jeux et de récompenses uniques) assurent un aparté de choix à l’histoire principale.
A l’heure d’apposer un verdict, je vais essayer d’omettre la nostalgie enivrante et mon histoire personnelle avec ce titre mythique. Techniquement bluffant pour l’époque, conforté par un gameplay exceptionnel, un scénario passionnant au ton grave et une bande son majestueuse, Final Fantasy VII a marqué de son empreinte le monde du jeu vidéo. L’audacieux virage amorcé par Squaresoft, sautant les deux pieds joints dans l’ère encore balbutiante de la 3D, aura séduit tant les fans de la première heure qu’une toute nouvelle génération de joueurs désormais appétente au J-RPG. 25 ans plus tard, son éclat n’a pas perdu de sa superbe et conforte sans surprise l’objectivité de mes souvenirs. Auréolé d’un charme unique et de qualités intrinsèques intemporelles, Final Fantasy VII a directement contribué à ma passion du média et à mon amour pour le genre. Chef d’œuvre devant l’éternel, gravé dans mon cœur. Amen.
Final Fantasy VIII (18/20)
Version Nintendo Switch 90 h de jeuDans la continuité des annonces du président et avant un déconfinement généralisé défavorable au glandage intensif devant la console, il est grand temps de se pencher sur Final Fantasy VIII. Un titre mythique qui détient, à l’image de son prédécesseur, une place privilégiée dans mon sanctuaire imaginaire du jeu vidéo (oui, j’ai des problèmes). Début 2000, désormais friand de J-RPG et frustré par une politique de localisation encore injuste (Xenogears, Chrono Cross…), la sortie Française de Final Fantasy VIII fut l’un des plus gros évènements de ma vie de joueur. En guise d’anecdote et histoire d’illustrer l'absurdité de la situation : j’avais à l’époque revendu mon exemplaire de Final Fantasy VII pour racheter la version Platinum, afin de gouter à la démo du huitième volet ! Extrait que j’ai dû terminer une dizaine de fois (ce débarquement des Seeds à Dollet, quel pied !) avant que le titre de Squaresoft ne daigne arriver chez nous. A noter que ce Twin Pack Switch propose la version « Remastered » : pas de quoi s’exciter, Square-Enix s’étant encore une fois contenté du minimum syndical en retravaillant seulement les modèles 3D et en proposant quelques options utiles.
Le jeu débute donc par une introduction en CGI d’une qualité hallucinante, démontrant une nouvelle fois le savoir-faire du studio Japonais en la matière. Claque technique monumentale et leçon de mise en scène, soutenue par une musique de l’épique à faire pleurer un taulard Kurde. Passé ce qui représente à mes yeux l’une des meilleures cinématiques du jeu vidéo, nous nous réveillons à l’infirmerie dans la peau du jeune et fraichement balafré Squall. Etudiant mercenaire pour le compte de la Balamb Garden University, notre héros solitaire entre en phase finale de sa formation. Une fois diplômé et reconnu comme un Seed à part entière, il fera la connaissance de la belle Linoa, pimpante jeune fille s’opposant à l’ambition militaire Glabadienne. Mais très vite les évènements s’enchaîneront de manière incontrôlable et dépasseront le cadre de sa mission d’origine. Seifer, le rival de toujours, se ralliera à l'étrange sorcière Edéa, dont l’influence ascendante semble cacher de biens sombres intentions. Un résumé volontairement dénudé, car la trame de Final Fantasy VIII réserve de belles révélations et plusieurs passages d’anthologie à découvrir par soi-même. On reste pourtant loin de la puissance scénaristique du septième opus, et la romance entre les deux protagonistes principaux (qui éclipsent d’ailleurs totalement le reste de l’équipe) vire parfois à l’eau de rose. Un aspect controversé ayant fait débat à l’époque et qui, associé à certaines longueurs, occulta à tort la qualité globale de l’intrigue malgré un sens inné de la mise en scène.
Final Fantasy VIII pose les bases d’un univers moderne riche et envoutant, confirmant la tendance des éléments futuristes au détriment de l’Heroic Fantasy (toujours présente mais discrète). Sa direction artistique audacieuse fait mouche et assure une ambiance envoutante, largement confortée par l’apport musical. Car Nobuo Uematsu flirte une fois encore avec la perfection, et seuls quelques thèmes d’ambiance un peu plats viennent tempérer un ensemble sonore fantastique. De l’incroyable musique d’intro Liberi Fatabli, en passant par le somptueux Eyes One Me ou le final explosif contre Ultimecia (avec 4 thèmes de folie dédiés à chacune de ses formes…), c’est tout un article qu’il faudrait consacrer à l’exceptionnelle bande son de Final Fantasy VIII !
Squaresoft prend un parti pris risqué en terme de gameplay, et si le système de combat peut paraître classique aux premiers abords (jauge ATB, tour par tour, etc…), il propose en réalité des innovations de tailles. La principale concerne la gestion des sorts, qui ne sont plus conditionnés par une barre de MP mais à dérober sur les ennemis (ou à ramasser via des sources de magie). Il n’est donc pas judicieux de les utiliser en abondance sans tenir compte de ses stocks, d’autant que les sortilèges vont contribuer à l’upgrade de vos statistiques. En effet, les G-Force (invocations) jouent un rôle majeur dans cet opus et permettent, une fois attribuées à vos personnages, de booster différentes caractéristiques sous réserve d’y allouer un stock de magie. Prenons un exemple basique pour les cancres du fond : la G-Force Ifrit possède la capacité « HP » et « Vigueur », nous l’attribuons à Squall. Ce dernier va pouvoir associer dans ces deux emplacements désormais dégrisés les magies de son choix. Ainsi, un stock de Soin Max placé sur la capacité HP va considérablement faire monter sa jauge de vie, alors qu’assigner des Foudres X en vigueur boostera son attaque. Vous suivez ? Car les caractéristiques à prendre en compte sont nombreuses et concernent aussi les défenses et attaques mentales/élémentaires. Finalement, la montée en puissance se fait davantage par la bonne gestion de ses personnages via des associations judicieuses que par le gain d’expérience, relativement anodin (puisque le niveau des ennemis augmente en parallèle).
La personnalisation ne s’arrête pas là car les G-Force évoluent également et apportent des capacités uniques, allant des bonus statiques (HP +40%, auto-booster, initiative, etc…) à des actions spécifiques (tel que voler un ennemi en attaquant par exemple). Toutefois, Final Fantasy VIII s’affranchi d’une gestion de l’équipement poussée puisque seule l’amélioration des armes, prédéfinie, sera possible en contrepartie des matériaux adéquats. Enfin, les « Limit Break » sont de retour et se déclenchent désormais lorsqu’un personnage se tient au seuil de la mort. Un ensemble pas forcement accessible aux néophytes, nécessitant un peu de pratique et des détours réguliers par les menus. Pour autant, la richesse du gameplay ne souffre d’aucune contestation et le tout se révèle très addictif.
Techniquement, Final Fantasy bonifie la recette du septième opus avec des décors fixes partiellement animés à la beauté enivrante, couplés à des sprites 3D réalistes (fini le style SD). Les affrontements sont toujours propices à un déluge d’effets techniques en tout genre, matérialisés par des sortilèges impressionnants et des invocations à rallonge toujours plus imposantes. Les nombreuses cinématiques en CGI s’intègrent parfaitement et les transitions avec les phases de jeu n’ont jamais été aussi fluides, venant ainsi conforter un tour de force visuel qui hisse Final Fantasy VIII parmi les plus beaux RPG de la console. Comme pour son prédécesseur, le support tablette de la Switch assure une résolution acceptable et permet d’apprécier les qualités techniques du titre 20 ans plus tard. D’autant que cette version Remastered fainéante propose malgré tout une refonte convaincante des modèles 3D.
Une fois n’est pas coutume, Squaresoft n’a pas lésiné sur les moyens et nous propose une aventure tenant sur 4 CD-ROM, assurant des dizaines d’heures de jeu tant pour l’aventure principale que pour les quêtes annexes, toujours en grand nombre. Si la plupart manquent un peu d’intérêt, elles permettent de récupérer des items indispensables pour terminer le jeu à 100% et occire les deux gros boss optionnels. Petite fierté personnelle au passage : il s’agit de mon premier run où je pogne le Minotaure à la régulière ! Puis comment ne pas évoquer le fantastique Triple Triad, véritable jeu de cartes dans le jeu, au succès tel qu’il engendra plus tard une version PC en ligne ! Pratiqué par la plupart des PNJs, on s’empressera de défier à loisir nos victimes afin de les dépouiller de leurs meilleures pièces ! Les parties sont ludiques et, si d’une région à l’autre les règles diffèrent, la collectionnite aigue poussera à affronter des centaines d’adversaires afin de compléter son set de cartes.
Vous l'avez compris, difficile une fois encore de laisser mon objectivité sur le trottoir… A son tour, Final Fantasy VIII aura marqué ma mémoire de joueur comme rarement, venant même disputer le piédestal de son prédécesseur (néanmoins indétrônable) ! Osant un renouveau risqué, il propose une épopée mémorable servie par une réalisation divine, une bande son grandiose, un gameplay original et un scénario audacieux au cœur d’un univers chiadé à la direction artistique exemplaire. Squaresoft nous gratifie ainsi d’un nouveau chef d’œuvre intemporel, symbole d’une époque bénie pour la firme Japonaise décidément à son aise sur Playstation.