Charles Tatum, journaliste sans scrupules, va exploiter un scoop. Au Nouveau-Mexique, Leo Minosa, un Indien, est coince au fond d'une galerie effondrée. S'arrangeant pour être le seul journaliste sur le coup, Tatum va persuader le shérif de choisir la formule de sauvetage la plus lente. Tatum va devenir l'amant de la femme de la victime et poussera l'hypocrisie jusqu’à devenir l'ami de Leo.
Rôle principal
Rôle principal
Rôle secondaire
Rôle secondaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Merci à Shelbylee qui a créé cette fiche
Un très bon drame avec une critique bien amenée sur le sensationnalisme des médias et le voyeurisme des gens qui assistent à ça.
Tous les personnages principaux sont détestables, du journaliste revanchard cherchant une bonne histoire pour retrouver sa position passée au shérif ne cherchant qu'à se faire réélire, en passant par la femme du malheureux homme emprisonné dans cette montagne qui n'est intéressée que par l'argent et le paraitre.
Tous ne voient que leur propre intérêt et cherchent à profiter de cette situation, dont le principal concerné est également le plus secondaire au final. Même au sein du film la durée totale des scènes où il apparait ne doit pas dépasser 15 minutes, tout comme au sein de l'histoire tout le monde parle de lui, les journaux, les gens, mais personne ne s'intéresse réellement à lui, tous se sont réunis autour de cette montagne pour l'exacte même raison qui ferait qu'ils iraient au cirque : pour être diverti. Ce qui rend l'opposition avec le pauvre homme dont la vie est en jeu encore plus poignante.
A la différence d'autres films comme Nightcrawler ou (dans un autre style) Cannibal Holocaust, la critique est ici aussi acerbe envers les journalistes toujours en quête d'histoire pour faire les gros titres que le voyeurisme des gens ici clairement présenté à l'écran.
Quelques imperfections : des ellipses bizarrement amenées font qu'on met du temps à se rendre compte qu'elles ont eu lieu, ou encore ce final qui m'a un peu laissé sur ma faim notamment pour ce qui est de la conclusion de l'histoire de certains personnages (ou plutôt le manque de conclusion). Mais je pardonne sans problème ces soucis face aux énormes qualités du tout.
Chef d'œuvre de cynisme, le gouffre aux chimères livre un puissant réquisitoire contre le sensationnalisme en journalisme. D'une étonnante modernité, ce n'est pas seulement ce type de média qu'il condamne mais toute la société avide de divertissement voyeuriste. Les répliques sont acerbes et le ton sans concession, le scénario exploite toutes les petites bassesses ou les grandes lâchetés des protagonistes, dans une cruauté sans limite à l'égard du malheureux qui agonise dans sa caverne. Kirk Douglas est magistral, autant dans sa morgue revancharde et son égocentrisme effréné que dans sa tardive mais semble-t-il sincère crise de repentir. Jan Sterling est également assez extraordinaire dans son rôle de femme blasée, peu affectée par le sort de son mari, et prête à tirer parti de la situation pour s'extirper de son quotidien miteux. Seule la figure intègre de Boot, incarnation idéale mais quelque peu surannée du journaliste (tell the truth), ressort intacte de ce "carnaval" de la noirceur humaine, admirablement orchestré - mais est-ce nécessaire de le préciser- par l'immense Billy Wilder.