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Persona 5 Royal est une version enrichie et traduite en français de Persona 5. Elle nous prolonge les aventures de Joker et des Phantom puisque le titre nous fait vivre trois mois supplémentaires dans le calendrier scolaire du héros. (source: jv.com)
Merci à Sagi qui a créé cette fiche
Devant le succès rencontré par Persona 5 et sentant l’appât du gain facile, Atlus revient avec une version Director’s cut de son célèbre J-RPG. Principal argument de vente : une traduction Française intégrale, enfin ! Plus d’excuse pour ne pas découvrir cette saga mythique ayant volé la vedette à la franchise principale de la série, les Shin Megami Tensei. Car si la branche des Personas a longtemps ciblé une niche de joueurs, elle se pose désormais comme une référence incontournable du genre. Plongeons ensemble dans ce Tokyo moderne où une vie de Lycéen mouvementée nous attend.
Version Playstation 4 105 h de jeuDans Persona 5 vous incarnez un jeune étudiant, laissé pour compte et victime du système judiciaire. Placé dans un foyer d’accueil, il va devoir affronter les préjugés et s’intégrer dans son nouveau lycée. Le garçon via se lier d’amitié avec une ribambelle de compagnons, et nouera une complicité particulière avec Morgana, un chat doué de parole ! Enfin, un chat… sa véritable forme reste un mystère puisque la boule de poils amnésique est justement en quête de son identité, à priori humaine. Le matou va ainsi introduire les étrangetés du multivers et les mystérieux pouvoirs des Personas. Ces entités fantomatiques se matérialisent à vos côtés et prêtent à vos personnages différentes facultés, du moins dans l’univers imaginaire. Comprenez que le jeu se déroule sur deux plans distincts. Le monde « normal » tout d’abord, où vos jeunes héros sont démunis de tout pouvoir surnaturel et vivent leur vie d’étudiant classique : suivre les cours, vagabonder dans la ville, s’adonner à diverses activités et surtout nouer des relations sociales à droite et à gauche. Un pan du jeu majoritaire et très bavard, nous y reviendrons. En parallèle on trouve le monde immatériel où, par le biais d’une étrange application et de leurs Personas, nos lycéens s’infiltrent dans le subconscient des gens malintentionnés. C’est ici que la petite bande de « Voleurs Fantômes » lutte contre ses ennemis, épaulée par des avatars aux pouvoirs psychiques redoutables. Sous un petit air de Jojo’s Bizarre Adventure : j’approuve.
Le gameplay de Persona 5 se veut extrêmement complet. Parlons tout d’abord du système de combat, relativement classique dans ses fondamentaux. Une action rythmée au tour par tour, où nos persos peuvent attaquer à courte ou longue portée, lancer des sorts, se protéger, etc... L’expérience accumulée va assurer la montée en puissance de vos héros, via upgrade d’HP/MP, mais également de leurs Personas. Si vos coéquipiers possèdent un avatar propre qui va se contenter d’apprendre de nouvelles capacités au fil du temps (limitées à 8 simultanément, à vous de faire des choix drastiques et irréversibles), notre héros peut, lui, créer sa propre Persona. Concrètement : chaque ennemi affronté peut être capturé selon conditions et officier sous vos ordres. Mais ça ne s’arrête pas là, puisque vous avez la possibilité de fusionner les entités pour en créer de nouvelles, toujours plus puissantes. Des combinaisons innombrables et improbables, qui se comptent en centaines ! Et si les pouvoirs finissent par revenir d’une Persona à l’autre, la générosité du principe force le respect. Les combats imposent une vraie dose de stratégie par l’intermédiaire d’un jeu de forces et faiblesses élémentaires. A vous de composer votre équipe avec soin, chaque membre possédant des affinités propres, afin de percer à jour les points faibles de l’adversaire et l’enchainer sans scrupules. Mais attention : ça marche dans les deux sens ! Je passe volontairement sur diverses subtilités, classiques pour certaines (équipements, attaques combinées), originales pour d’autres (système de transfert, actions d’affinités). La critique en présence s’annonçant déjà bien chargée en caractères.
Comme évoqué un peu plus haut, Persona 5 met en lumière le quotidien d’un lycéen japonais et tout une partie du jeu consistera à mener votre petite vie anonyme. Au cœur du système, on retrouve un concept central visant à se lier d’affinité avec des protagonistes, équipiers ou non, afin de faire progresser des petits scénarii personnalisés et glaner des bonus non négligeables. En parallèle, il ne faudra pas délaisser la montée en puissance des compétences sociales : expertise, charme, courage, connaissance et gentillesse, utiles à bien des égards (quêtes annexes notamment). Mais ceci n’est qu’une fraction des possibilités offertes par le titre, puisque la ville et les nombreux quartiers de Tokyo permettent de s’adonner à des dizaines de distractions : shopping, mini jeux, cinéma, salle de sport, etc… Ne comptez cependant pas vous perdre dans ces activités annexes, car le jeu suit le calendrier scolaire et chaque action coûte du temps. Ainsi, devant l’exhaustivité des possibilités, il va falloir faire quelques concessions et respecter scrupuleusement le timing de la mission en cours.
Cet aspect du gameplay, à l’intérêt ludique limité, casse un peu le rythme de l’aventure et ne plaira pas à tout le monde. Il n’est pas rare, afin d’optimiser le calendrier virtuel, de passer plusieurs heures à papoter avec des PNJs sans aucune forme d’interaction autre que nos choix de dialogues. Heureusement, le soin apporté à l’écriture, le remarquable travail réalisé sur les personnages ainsi que l’intérêt des thématiques abordées, assurent le liant avec les phases de gameplay pur. Car le scénario de Persona 5 captive de bout en bout et la quête de vos justiciers improvisés, non satisfaite de soulever d’excellentes problématiques éthiques, réserve aussi de beaux rebondissements. D’autant plus avec cette édition Royale, qui vient enrichir le contenu original d'un trimestre supplémentaire et d'un palais inédit d’excellente facture, conduisant à une nouvelle fin. Les palais justement, ou plus exactement les donjons, parlons-en ! Basés sur l’imaginaire de vos cibles IRL, ils se matérialisent sous des formes aussi insolites que déstabilisantes et, de par leur level design exemplaire et leurs petites énigmes savamment dosées, garantissent une exploration passionnante.
Côté visuel la réalité rattrape vite le dernier né de la saga, initialement sorti sur Playstation 3. D’un point de vue technique pure, hormis ses cinématiques animées de bonne facture, le titre est à la ramasse puisque construit sur les exigences de la génération précédente. Cependant la réalisation n’en reste pas moins agréable. Distribution de bons points à la direction artistique, qui propose un contraste saisissant entre le réalisme de Tokyo et les extravagances du monde psychique. On appréciera aussi le formidable character design de Shigenori Soejima et les superbes artworks fixes pour mettre en évidence ce casting de luxe. Enfin, octroyons les félicitations du jury concernant les choix marqués et extrêmement soignés en terme d’interface visuelle. En résulte un tout cohérent, au service d’une ambiance séduisante. A condition de ne pas être allergique à la culture-pop japonaise bien évidemment ! Une direction accentuée par une bande son de qualité, alternant entre mélodies instrumentales classiques, rifts métalleux, airs Jazzy et une bonne dose de Pop ! Assez déroutant, mais ce parti pris éclectique sert clairement l’atmosphère sonore et le doublage intégral Japonais ne viendra pas me contredire.
Atypique, voilà un terme qui qualifie bien mon ressenti après plus de 100 heures passées en compagnie des voleurs Fantômes. Occasion d'encenser au passage la durée de vie gargantuesque du titre, dans la moyenne (très) haute du genre. On relèvera une courbe de progression bien construite, sans obstacles majeurs hormis quelques boss retords. Un NG+ viendra emplir le calice jusqu’à la lie pour les acharnés, désireux de finaliser les interactions avec l’ensemble des confidents, maximiser ses statistiques et arracher les derniers secrets du jeu.
Complètement barré sur la forme avec un imaginaire psychique propice à toutes les folies, le bestiaire déjanté en étant la plus belle preuve (cher démon-bite si tu nous lis…), le titre n’en oublie pas pour autant de soigner son fond. Un gameplay généreux et une histoire habilement narrée assurent une épopée magistrale, rarement prise en défaut malgré quelques longueurs. Persona 5 s’impose ainsi comme l’un des meilleurs J-RPG de ces dernières années, fort d’une expérience rafraîchissante et originale. A essayer de toute urgence.