Vous incarnez un jeune garçon qui doit monter tout en haut d'une tour parsemée d'embûches. Pour y parvenir, vous devrez combattre et résoudre des énigmes. La petite subtilité viendra du fait que vous ne contrôlerez pas directement le héros mais son ombre, et qu'il vous faudra progresser sur les silhouettes projetées par les différentes plates-formes.
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Difficile d’innover dans le petit monde de la plate-forme 2D, d’autant plus sur une console Nintendo où les licences de la firme écrasent tout sur leur passage ! Mais A Shadow’s Tale se démarque immédiatement par son concept audacieux.
Version Wii 20 h de jeuEn proposant d’interagir avec les ombres en arrière-plan, les développeurs bousculent nos habitudes et notre perception de l’espace. Il faudra donc faire fi de ce qui se passe au premier plan afin de se concentrer ce qui est projeté au second. Déroutant quelques minutes, le temps de s’habituer. Malgré cette originalité le gameplay met du temps à révéler son potentiel, et se révèle au début assez classique. On retrouve de la plate-forme 2D traditionnelle, agrémentée d’énigmes diverses et de combats relativement simplistes, pour une recette finalement moins novatrice que prévue. Impression factice je vous rassure. Car petit à petit l’excellent level-design, la richesse des énigmes, l’ingéniosité des mécanismes basés sur les projections d’ombres, et surtout l’accès aux portails de lumière apportant une toute autre profondeur aux niveaux (c’est le cas de le dire, vous comprendrez en y jouant !), parachèvent un gameplay complet et fort agréable.
La progression suit un schéma récurent : il faut ramasser 3 reliques afin d’ouvrir la porte menant au niveau suivant, sans oublier les diverses mémoires éparpillées un peu partout. C’est d’ailleurs cette quête des 90 mémoires du jeu qui pousse vraiment à l’exploration, l’accumulation de ces dernières permettant d’augmenter sa jauge de santé. Les allers et retours seront donc courants, parfois obstrués par des téléporteurs donnant lieu à une sorte de mini stage à l’intérieur même du niveau. Interludes au gameplay un peu différent, axé sur la perspective via les rotations de caméra. Votre ombre devra de surcroît user de son épée pour occire les ennemis malveillants. D’ailleurs le bestiaire se révèle très inspiré. Dommage que, mis à part une gigantesque ombre imposant une fuite effrénée de temps en temps, les boss ne soient pas de la partie.
Mais arrêtons de parler gameplay pour mentionner un autre atout majeur du soft : son ambiance. Difficile de la décrire. Il en ressort un sentiment mélancolique assez décalé, non sans rappeler le légendaire Ico. La palette de couleur utilisée, plutôt fade, n’est pas étrangère à cette comparaison, de même que la bande son très épurée. Des musiques et des bruitages assez discrets mais qui concordent parfaitement avec cet univers mystérieux à l’extrême. Le scénario se veut minimaliste et restera sujet à votre interprétation. L’ascension de la tour n‘étant entrecoupée que par de rares cinématiques.
Techniquement A Shadow’s Tale ne brille pas davantage que sa thématique. Vous devrez composer avec une 3D moyenne et un aliasing assez gênant. Toutefois les effets de lumières, le design et la patte artistique, sauvent l’ensemble, renvoyant une esthétique générale sympathique. Au pis, originale.
Ce jeu de plates-formes/réflexion est une excellente surprise, à laquelle il manque peu de chose pour laisser une empreinte davantage prononcée dans le milieu. Un périple ombragé et solitaire, dans les abysses ténébreux d’un univers envoûtant en quête de lumière. Une vingtaine d'heures sera nécessaire pour profiter des immenses qualités de ce titre et en découvrir les secrets. L’expérience vaut le détour.